La porte dérobée
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 3 novembre 2014 10:54
- Écrit par Claude Séné
Contrairement à la célèbre lettre volée, cette porte n’était pas dissimulée par sa présence évidente destinée à égarer les recherches. Il s’agit de la porte du camp de Dachau, près de Munich, portant l’inscription « Arbeit macht frei », le travail rend libre. Cette lourde porte en fer forgé, de deux mètres sur un, a été volée dans la nuit de samedi à dimanche par des auteurs inconnus, qui ont dû escalader une autre porte et ont probablement utilisé un véhicule pour l’emporter.
Une porte identique a déjà été volée à Auschwitz en 2009, avant d’être retrouvée entre les mains d’un néonazi suédois. Cette fameuse inscription, d’un cynisme absolu, était en effet utilisée aussi bien dans les camps de concentration que d’extermination, dans lesquels le travail n’était qu’une autre façon de se débarrasser des déportés. On la retrouve aussi à Oranienburg ou Gross-Rosen. Et ce n’est pas un hasard. Le parti nazi, le NSDAP, comporte dans son appellation le mot « travailleurs », bien que, dès 1933, aucun de ses dirigeants ne soit issu de la classe ouvrière. Il provient lui-même d’un groupuscule d’extrême droite, le DAP, parti ouvrier allemand, qui n’a d’ouvrier que le nom.
C’est pourtant grâce à la crise économique de 1929 et ses conséquences sur le marché du travail avec l’explosion du chômage qu’Adolf Hitler réussira à prendre le pouvoir. Après sa tentative manquée de putsch en Bavière, il choisit la voie démocratique avec le succès que l’on sait avant de tenter la conquête du monde par la force.
Hitler ne sera pas le seul à utiliser et dévoyer la valeur travail. La devise « Arbeit macht frei » figurait aussi au fronton des usines IG Farben. La France pétainiste prônait la trilogie « travail, famille, patrie ». Le stalinisme avait érigé la réhabilitation par le travail en principe, imité en cela par le maoïsme et la plupart des totalitarismes. Il convient donc de se méfier des vendeurs de rêves qui prétendent, comme Nicolas Sarkozy l’a fait dans le passé, permettre aux Français de travailler plus pour gagner plus. Une illusion que nous n’avons pas encore fini de payer.