Une larme, un soupçon
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 21 juin 2016 10:35
- Écrit par Claude Séné
Il est bien difficile de contenter tout le monde et son père, comme dans la fable de La Fontaine. À chaque fois qu’un acte terroriste est revendiqué par Daech, la communauté musulmane est sommée de condamner le geste, alors qu’on suppose par principe que les autres citoyens ne sont suspects d’aucune complaisance à l’égard de ces assassins. Au point que les musulmans en sont venus à intégrer eux-mêmes le principe qu’ils doivent manifester publiquement leur discrédit de ces agissements. C’est ainsi que des milliers de musulmans ont défilé dimanche dernier, à l’appel d’associations, dans les rues de Mantes-la-Jolie, pour rendre hommage aux deux policiers tués à Magnanville.
Les bannières étaient explicites. Il s’agissait de se mobiliser contre la barbarie, pouvait-on lire en tête de cortège. Les musulmans craignent évidemment l’amalgame avec les islamistes radicaux, dont les pratiques sont aux antipodes d’une religion basée sur le respect d’autrui, mais ils sont pris dans un dilemme presque insoluble. Réagir en tant que communauté, comme ils l’ont fait fréquemment, revient à accréditer l’idée qu’ils ne sont pas des citoyens comme les autres, qui sont Français avant d’être musulmans, chrétiens, athées ou que sais-je. D’un autre côté, ne pas se manifester fait peser sur eux le soupçon d’approuver secrètement les positions des plus extrémistes. Personnellement, je ne mets pas en doute la sincérité de l’émotion soulevée par ce double assassinat perpétré au nom de l’état islamique sous les yeux d’un garçonnet de 3 ans, le fils des deux victimes, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Un certain Guénaël Huet, ci-devant député Les Républicains de la Manche, s’est payé à peu de frais un coup de pub, en accusant gratuitement de duplicité les participants à cette marche, sur des bases qu’il ne s’est pas donné la peine d’expliciter. Il est vrai que Twitter et sa « communication » limitée à 140 signes ne se prêtent guère à la nuance.
Je plains ce pauvre Guénaël Huet, qui doit se demander quand on lui dit bonjour : « que diable a-t-on voulu me dire par là ? » et s’interroger sur la sincérité de sa famille quand elle lui témoigne son affection. S’il applique à ses relations personnelles la même défiance systématique, il doit avoir quelques raisons de douter de son entourage. Visiblement, il ne fait confiance à personne, et il ne faudra pas s’étonner si la proposition devient réciproque, ce qui serait fâcheux pour conserver un poste de représentant du peuple qu’il ne mérite absolument pas. Puissent les électeurs s’en apercevoir.