Noble

 C’est exactement l’anagramme de Nobel, qui lui convient fort bien. Né à Stockholm en 1833 Alfred Nobel était un génie créatif et un industriel très avisé. Il est entre autres l’inventeur de la dynamite dont il destinait l’usage à l’industrie. Profondément pacifiste, son testament stipulait la création d’une fondation qui décernerait chaque année un prix à tous ceux « qui auraient dispensé les plus grands bienfaits de l’humanité ». Il exigeait cinq prix : le prix Nobel de la paix, le prix Nobel de chimie et physique, le prix Nobel de littérature et le prix Nobel de médecine.

Le comité Nobel prend quelques libertés par rapport aux souhaits du mécène en décernant le prix Nobel de la paix à Malala Yousafzai et Kailash  qui malgré tous leurs mérites et l’admiration que l’on peut avoir pour leur action, n’ont pas œuvré comme il était stipulé dans le testament : « pour le plus, le mieux, la fraternité des peuples, la suppression ou la réduction des armées permanentes ainsi que la création et la propagation des congrès pour la paix ». Mais il y a aussi plus gênant, c’est l’attribution d’un pseudo prix Nobel d’économie qui est en fait une imposture, car il est décerné par la banque générale de Suède en mémoire d’Alfred Nobel. Même si cela nous permet de pousser un cocorico, car ce prix a été décerné à un Français, on ne voit pas vraiment quels bienfaits des recherches sur l’analyse des pouvoirs du marché et de leur régulation ont apportés à l’humanité !

 Je me console de ce dévoiement, avec le prix Nobel de littérature attribué à Patrick Modiano. Voilà un écrivain connu de mes services pour ses interviews particulières où l’on souffrait pour l’intervieweur comme pour lui, car ne finissant jamais ses phrases. Devant l’unanimité de l’admiration pour son œuvre, je me suis empressée de lire le premier Modiano qui m’est tombé sous la main « vestiaires d’enfants »*. Quel choc, quelle révélation ! Je me demande encore comment j’ai pu éviter la rencontre avec cette écriture si élégante, si juste, si précise, si concise qu’en moins de 200 pages elle nous entraîne dans une histoire si simple qu’elle pourrait être la nôtre et qui se transforme en porte ouverte sur notre mémoire, notre histoire, j’allais dire l’archéologie de notre existence. Pas d’analyse psychologique brumeuse, pas de théorie fumeuse, uniquement celle qui prétend qu’il n’y a pas de hasard dans les accidents de la vie qui sont souvent un choc bénéfique pour prendre un nouveau départ. Vous aurez compris dans ce petit plaidoyer que je vous invite si vous ne l’avez encore fait, à rencontrer ce maître du temps et de l’élégance, qui conduit sa quête des souvenirs comme le meilleur des policiers.

 

L’invitée du dimanche

 

* Les spécialistes considèrent que « Dora Bruder » est le plus fort, le plus poignant de ses 25 romans, mais on conseille aussi « livret de famille » « la remise de peine » « un pedigree »… J’attends vos avis !

Commentaires  

#2 jacotte86 27-10-2014 09:08
comme il n'y a pas de hasard , il me fallait surement attendre le bon moment pour cette rencontre
bises à lalou
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#1 louisette Guibert 26-10-2014 11:06
J'ai adoré Dimanches d’août, mais il faut tout lire!
Comment "L'invitée du dimanche" a-t-elle pu passer à coté de Modiano???
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