Métempsychose
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 23 novembre 2015 11:11
- Écrit par Claude Séné
Croyez-vous à la réincarnation ? Pour ma part, je suis un peu sceptique, par principe, comme à l’égard de toute forme de religion, qui n’est jamais qu’une secte qui a réussi, disait François Cavanna. Par contre il y en a un qui a l’air de penser qu’Émile Zola est revenu sur terre dans le but de parler par sa bouche, et c’est Michel Houellebecq. Le voilà qui publie un article vengeur sous le titre non équivoque de « j’accuse ». À l’inverse de son illustre inspirateur, il ne veut pas dénoncer une quelconque erreur judiciaire, mais désigner le responsable de tous nos maux à la vindicte populaire.
Car le baudet de la fable, le pelé, le galeux n’est autre que François Hollande, qu’il qualifie d’insignifiant opportuniste, assisté de Manuel Valls, gratifié du sobriquet affectueux d’attardé congénital. Pour faire preuve d’un esprit ouvert, il tape aussi mollement sur les gouvernements de droite, mais on sent bien que c’est pour la forme. Et quel est le message que Michel Houellebecq veut nous délivrer toutes affaires cessantes ? Peut-être en hommage à son modèle, fils d’immigré italien, il le publie dans le corriere della sera : les politiques ont failli, il faut rétablir les frontières et pratiquer la démocratie directe, avec des modalités sur lesquelles il garde un silence prudent.
Si Houellebecq se prend pour Zola, alors Michel Onfray peut bien se rêver en Jaurès. Après tout, ses positions hostiles à toute forme de guerre le rapprochent du pacifiste dont l’assassinat a précédé la Première Guerre mondiale. Je doute que le philosophe atteigne jamais la stature de son auguste modèle, mais surtout ses prises de position dans le contexte actuel entretiennent l’ambiguïté, au point que ses déclarations ont pu être utilisées par Daech dans des vidéos de propagande. Sous prétexte d’anticonformisme, Michel Onfray prend le contrepied des analyses officielles, faisant porter la responsabilité des attaques terroristes sur les Occidentaux, qui agressent sans relâche les musulmans. Pour un peu, il justifierait l’injustifiable, et il continue à appeler à cesser les frappes aériennes, qu’il juge inefficaces et contre productives.
Que ce soit Houellebecq ou Onfray, et l’on pourrait y ajouter Finkelkraut, on voit bien que ces intellectuels tentent tant bien que mal d’exister en fustigeant ce qu’ils appellent la « pensée unique », terminologie longtemps réservée à l’extrême droite. Ils ne font que remplacer un conformisme par un autre. Je suis peut-être, comme Bénabar, politiquement correct, mais on t’emmerde.
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