L’écologie diplomatique
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 18 novembre 2023 11:01
- Écrit par Claude Séné
Sarkozy avait été précurseur avec sa fameuse formule : « l’écologie, ça commence à bien faire », et les choses n’ont pratiquement pas cessé d’empirer. Depuis quelques décennies, on a eu droit à la nomination de ministres plus ou moins convaincus de la cause environnementale, qui ont fini par renoncer devant l’inutilité de leur travail. L’exemple le plus emblématique a été celui de Nicolas Hulot, ulcéré d’avoir à lutter en permanence contre le lobby influent des chasseurs solidement installé dans les bureaux ministériels, et qui finira par démissionner avec perte et fracas. Depuis cette époque, les Premiers ministres ont pris soin de recruter des ministres de l’écologie hors du sérail, et si possible sans expérience préalable en la matière.
C’est ainsi que Christophe Béchu a succédé à Amélie de Montchalin au poste de ministre de la Transition écologique en juillet 2022, et s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas lui reprocher c’est de promouvoir une écologie punitive. Une de ses premières mesures a consisté à autoriser des techniques controversées de chasse aux alouettes au risque de contrevenir au droit européen. Depuis, c’était silence radio, jusqu’au retour du débat sur l’utilisation du glyphosate en tant qu’herbicide dans l’agriculture. Rappelons que ce produit phytosanitaire est considéré comme cancérigène probable et qu’un jeune homme, de 16 ans à présent, a été victime d’une malformation in utero, car sa mère travaillait dans une ferme équestre qui l’utilisait pour le désherbage. Le président Macron s’était engagé à interdire son utilisation, mais ça, c’était avant, quand il était candidat aux présidentielles. Depuis quelques mois le sujet était en débat à l’échelon européen et il fallait réunir une majorité qualifiée d’au moins 15 états sur 27, représentant 65 % au minimum de la population pour accepter ou rejeter la proposition de la Commission renouvelant l’agrément pour 10 ans.
On aurait pu s’attendre à ce que la France, qui critique ouvertement l’usage de ce produit manifestement dangereux, ou au minimum risqué, vote contre le renouvellement. Pas du tout ! elle s’est abstenue, pour adopter la position des Allemands. Le ministre a donc qualifié ce vote de vote diplomatique, prétextant qu’en pratique il revenait à un vote contre. Voici donc un nouveau concept, celui d’une écologie diplomatique où il s’agit de ne surtout se fâcher avec personne, en particulier avec le groupe allemand Bayer, qui a racheté Monsanto, un des plus gros producteurs du produit controversé. Le résultat concret de cette diplomatie qui conduit à se coucher devant les lobbys, c’est que nous avons perdu une occasion de convaincre nos partenaires de rejeter purement et simplement la proposition de la Commission qui a donc pris seule la décision désastreuse du renouvellement. On va en reprendre pour 10 ans avant de pouvoir rediscuter de son bien-fondé. Je suis curieux de voir si le ministre compte prendre une seule mesure en faveur de l’environnement, diplomatique ou non.