La guerre humanitaire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 23 octobre 2023 10:50
- Écrit par Claude Séné
Comme les trains, une guerre peut en cacher une autre. J’en veux pour preuve les déclarations des belligérants dans le conflit du Proche-Orient à propos des derniers développements des hostilités et surtout leur présentation à une opinion publique désorientée. Commençons par la bonne nouvelle, dont on manque cruellement depuis le début de cette nouvelle crise : la libération de deux otages israélo-américaines, une mère et sa fille, enlevées par les combattants du Hamas et remises à la Croix rouge internationale grâce à la médiation du Qatar, semble-t-il. On ignore encore s’il y a eu des contreparties, financières ou autres, mais les raisons officielles seraient d’ordre humanitaire.
On me permettra de m’étonner de cet accès soudain d’humanité, qui se limite à deux personnes quand plusieurs dizaines d’otages espèrent retrouver leurs familles et leurs proches, dans une inquiétude sans nom. L’espoir soulevé par cette remise en liberté n’a d’égale que l’anxiété réactivée par cette démarche. Les considérations humanitaires seraient également au centre du retard surprenant dans l’envahissement terrestre de la bande de Gaza par l’armée israélienne, promis par les dirigeants et les militaires depuis plusieurs jours et sans cesse remis. Tsahal, l’armée israélienne, nous a habitués à des réactions ultrarapides, comme en 1973 où il lui aura fallu seulement 6 jours pour mener et gagner une guerre éclair avec ses voisins arabes coalisés contre elle. Le prétexte humanitaire avancé par les Israéliens, qui « invitent » avec insistance les Gazaouis à quitter leurs maisons, ou ce qu’il en reste, pour mener leurs opérations militaires, semble camoufler une hésitation politique à s’engager dans un bourbier très coûteux en vies humaines de part et d’autre.
Car la guerre continue pendant les éventuelles tractations opérées en sous-main, sous le contrôle attentif des États-Unis revenus dans le jeu diplomatique dans la région, seuls capables d’imposer un cessez-le-feu à leur allié historique. Joe Biden semble avoir réussi à faire durablement s’ouvrir un couloir humanitaire via l’Égypte pour acheminer une aide indispensable aux populations civiles qui continuent à subir les bombardements faisant de nombreuses victimes sans forcément atteindre les responsables du Hamas officiellement seuls visés par cette offensive. C’est dans ce contexte que le président Macron a décidé de répondre à l’invitation de Benyamin Netanyahou et de se rendre « dans la région » en espérant jouer les bons offices entre parties opposées au nom d’une position « équilibrée » et en utilisant ses filières, dans lesquelles il affirme avoir « toute confiance ». J’ai bien peur qu’Emmanuel Macron prenne ses désirs pour des réalités et surestime beaucoup son influence dans cette région du monde. Peu importe s’il en tire quelque gloire personnelle, si le résultat, qui ne peut provenir que d’enjeux géostratégiques qui dépassent largement la France, permet la libération rapide des otages et une véritable pause dans cette guerre inhumaine.
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