Elle se prenait pour Marlène Schiappa
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 14 juin 2023 09:19
- Écrit par Claude Séné
L’anecdote vaut son pesant de cacahuètes, surtout au moment où les feux des projecteurs sont braqués sur l’actualité brûlante de l’utilisation contestable et contestée du fameux Fond Marianne, créé par Marlène Schiappa après l’assassinat de Samuel Paty, dans le but à priori louable de financer des associations organisant des actions de prévention de la délinquance et de la radicalisation. La ministre, invitée sur Europe un devait faire face à une interpellation frontale de la journaliste maison, Sonia Mabrouk, qui lui demandait, tout à trac : « pour qui vous prenez-vous ? » d’autres se seraient trouvées embarrassées, voire blessées, et n’auraient pas su comment répondre.
Rassurez-vous, Marlène Schiappa n’est pas de ce bois-là. Elle répond du tac au tac à la journaliste : « je me prends pour Marlène Schiappa, c’est déjà beaucoup. » Je n’ai pas toujours été d’accord avec la ministre, tant s’en faut, mais sur ce coup, je suis absolument de son avis, et même je trouve qu’elle est trop modeste. Personnellement, j’aurais penché pour « c’est peut-être même déjà trop », à la limite du boucher insistant : « il y en a un peu plus, je vous mets tout ? » Ah ! on me rappelle dans l’oreillette que l’on n’attaque pas le physique. Au temps pour moi, même si ce n’est pas moi qui ai voulu poser dans Playboy malgré les nombreuses sollicitations que j’ai reçues. Bon, bon, je retire ce que j’ai dit. Voyons plutôt le fond de l’affaire. La ministre a nommé un comité Théodule pour gérer une enveloppe budgétaire de 2,5 millions d’euros et a juré ses grands dieux qu’elle ne se mêlerait pas de l’attribution des subventions. Et patatras ! une part importante de ce fonds a été attribué à une association coprésidée par un journaliste bien connu, Mohamed Sifaoui, réputé partager les idées de la ministre sur nombre de sujets. D’abord épinglée par une enquête de France 2, la procédure a été définitivement démolie par l’IGA, l’inspection générale de l’administration, qui a pointé des manquements graves et un manque de transparence.
Déjà, le nom de l’association a de quoi semer le doute : en quoi l’éducation physique et la préparation militaire sont-elles des outils privilégiés de lutte contre le séparatisme ? Le dossier de demande a été recyclé à partir d’une autre source possible de financement, qui a fait défection. Cela n’est pas sérieux. Les choses se gâtent définitivement quand le directeur de cabinet de la ministre est contraint de reconnaitre, déposant sous serment à la commission sénatoriale d’enquête, que la demande de SOS racisme a été refusée à la suite de l’arbitrage de Marlène Schiappa, qui est en froid avec son président, Dominique Soppo. Marlène Schiappa, qui avait évoqué le Procès de Franz Kafka dans un premier temps, va-t-elle devoir invoquer l’affaire Dreyfus ? Elle sera sans doute dans la première charrette en cas d’un remaniement ministériel dont il est fortement question.