L’hydre de Lerne
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 4 février 2022 10:52
- Écrit par Claude Séné
Dans la mythologie grecque, cette créature aquatique vivant à proximité des marais de Lerne était réputée invincible, car elle possédait plusieurs têtes, qui repoussaient au fur et à mesure qu’on les coupait. Il ne fallut pas moins qu’Hercule pour en venir à bout, à la suite de ce 2e des 12 travaux qui lui avaient été demandés. Dans la version moderne, c’est Joe Biden, président des États-Unis, qui a repris le rôle d’Héraclès et qui est venu à la télé se glorifier d’avoir une nouvelle fois décapité l’organisation état islamique, grâce à une opération héliportée au nord-ouest de la Syrie.
Ce succès fait suite à une période assez compliquée pour le président, dont la majorité au Congrès est fragile et le met à la merci de ses adversaires républicains. Le public américain, et à plus forte raison européen, n’a même pas eu le temps de retenir le nom de ce chef de guerre, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, qui avait lui-même succédé à Abou Bakr al-Baghdadi, éliminé dans des circonstances similaires il y a 2 ans pour la plus grande gloire de l’ancien locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump. Et la télévision a montré des images de la « situation room » destinées à rappeler celles où Barak Obama avait ordonné la traque d’Oussama Ben Laden et suivi à distance la progression des soldats américains au Pakistan. Rien de tel qu’une bonne guerre, si possible victorieuse, pour donner une image positive de chef, fût-il aussi falot que Bush fils. Je ne verserai pas une larme bien entendu sur le sort du chef de guerre islamiste, qui s’est fait sauter pour ne pas être pris vivant, mais personne n’aura la naïveté de croire que la sécurité dans le monde occidental se sera améliorée d’un iota et qu’un seul attentat terroriste sera épargné par ce biais. Le successeur est probablement déjà en place, et les têtes de l’hydre ont sûrement repoussé.
Depuis que les troupes ont officiellement gagné la guerre sur le plan militaire, le califat islamiste mis en place ne contrôle plus officiellement le terrain, et leurs chefs sont retournés à la clandestinité. Ce qui n’empêche pas le développement des idées comme en témoigne le retour des talibans en Afghanistan. Si aujourd’hui les groupes soutenant Daesch ou Al-Qaïda ne sont pas officiellement reconnus, ils n’ont pas disparu pour autant au Sahel ou au Moyen-Orient. Ils n’attendent qu’une occasion de rétablir l’état islamique, en se dissimulant si nécessaire derrière une image plus ou moins présentable et respectable. N’oublions pas que les djihadistes défendent la « taqiya », l’art de la dissimulation, pour ne pas être découverts dans leurs projets de terrorisme et infliger le plus de dégâts possible à leurs adversaires.