Enfants de la patrie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 14 avril 2019 10:37
- Écrit par L'invitée du dimanche
Selon la charte des droits et devoirs du citoyen français, la nation assure à l’individu sa protection, son droit à la vie, à la liberté et sa sûreté, tout comme son égalité devant la loi, sans distinction d’origine, de race ou de religion, la liberté de ses opinions, l’accès à l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés.
En grande partie, l’État respecte ses engagements, et pour cela a mis en place les institutions chargées de protéger les mineurs en difficulté. Mon billet du 2 février dernier, tout en soulignant les déficiences du système, éclairait l’action de la république auprès de cette population dont chaque membre devient pupille de la nation, l’État.
Tout enfant mineur, français ou non, privé durablement de sa famille, a droit à ce statut, c’est l’état qui organise sa prise en charge par l’intermédiaire de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Le préfet devient son tuteur, et son projet de vie est assuré par un conseil de famille dont le fonctionnement est très réglé, pour le suivi et l’examen de la situation du mineur. Légalement, si le mineur a été recueilli au moins trois ans par l’ASE, il peut réclamer la qualité de Français.
La république protège aussi les « pupilles de la nation », dont un des parents au moins a été victime de guerre ou d’actes terroristes, en ajoutant une protection supplémentaire à celle des familles.
Comment comprendre alors, au nom de ces grands principes, que le sort des 400 enfants de Daech, orphelins ou avec leur seule mère, détenus dans les camps d’Irak et de Syrie, ne soient pas traités en urgence ?
Avant de les considérer comme des menaces potentielles par crainte de leur niveau d’endoctrinement contre lequel aucune méthode de réhabilitation ne serait possible, il ne faudrait pas oublier leur statut de victimes innocentes, confrontées à la brutalité de la guerre, élevées dans les murs du terrorisme, souvent torturées, maltraitées, dépossédées de leur enfance !
La France n’a aucun programme de rapatriement et ce ne sont pas les 67 % de Français qui s’opposent à leur retour qui forceront le gouvernement à passer à l’action.
On veut bien comprendre que la difficulté de relations avec la Syrie pose des problèmes de négociation, mais il n’en est pas de même avec l’Irak qui met en place des mesures de détention inhumaines avec les risques de famine et de mort imminente. Les récits et les images qui nous parviennent sont terrifiants, les témoignages édifiants.
L’ONU attaque la France pour son inaction, elle devrait le faire pour le non-respect de la convention de 1989 sur les droits de l’enfant que l’on a signée : « droit à l’éducation, à l’égalité des sexes, droit de ne pas faire la guerre, de ne pas la subir, droit d’avoir un refuge, des conditions de vie décentes, d’être protégé des maladies, d’aller à l’école » … Il n’y a pas de peurs, fussent-elles légitimes, qui justifient le droit pour un état d’abandonner ses ressortissants, priorité absolue au sort des enfants !
Tous ces enfants emmenés par leurs mères, rejoignant elles-mêmes leurs maris combattants, ou nés sur le territoire de Daech, souvent réclamés par leur famille, demandent à la république, en plus d’un simple geste d’humanité, de respecter ses engagements, pour qu’ils puissent voir leur « jour de gloire » arriver.
L’invitée du dimanche