Règle de trois
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 27 novembre 2018 10:31
- Écrit par Claude Séné
Comme le Beaujolais nouveau, le vaccin contre la grippe saisonnière est arrivé. Je ne sais pas s’il sentira la pomme, la fraise ou la banane, car, pour tout vous dire, je n’ai goûté ni l’un, ni l’autre. Ce qui est certain, c’est que si l’on n’est pas sûr de son efficacité préventive, on constate que son prix a presque doublé par rapport à l’année dernière. On est passé de 6,20 € la dose à 11,13 €. Il y a évidemment une explication. Suite à des recommandations de l’OMS, le vaccin nouveau contiendra quatre souches au lieu des trois habituelles.
Pourquoi donc fallait-il ajouter une souche supplémentaire ? Eh bien parce que les vaccins étant fabriqués bien avant la circulation des virus, il y a une forme de pari sur le retour des anciens virus et sur l’efficacité relative de vaccins « cousins » sur les virus de l’année. Ce qui explique pourquoi l’efficacité du vaccin en 2017 n’a été que de 60 %, car une des souches virales manquait à l’appel. L’ajout de cette souche dans le vaccin 2018 est supposé améliorer la protection, mais son impact est qualifié « d’aléatoire » par certains scientifiques. Cette discussion technique sur les bienfaits de la couverture vaccinale et son efficacité toute relative a le « mérite » de laisser de côté la facture à payer par le malade, l’assurance sociale et les mutuelles. Une simple règle de trois aboutirait à une augmentation de 20 à 30 % du prix du vaccin, à supposer que le tarif pratiqué précédemment était équitable, et non à près de 100 %. C’est quand même un enjeu économique non négligeable, sachant que le vaccin est remboursé par la sécurité sociale à hauteur de 65 % et même 100 % pour les personnes dites « à risque ».
En 2009, lorsque Roselyne Bachelot avait commandé 94 millions de doses de vaccin contre la grippe H1N1, avant de se raviser et de refourguer une partie du stock et d’annuler la moitié de sa première demande, la facture était quand même évaluée à 2,2 milliards d’euros en intégrant tous les frais induits de communication, de personnel dédié, etc. Sur ce montant, les mutuelles, payées par les assurés sociaux, estiment qu’elles ont dû en 2010 augmenter leurs tarifs de 1 % pour faire face aux remboursements de la vaccination. On parle de sommes considérables, dont la majeure partie sert à engraisser de grands groupes pharmaceutiques. Comment ne seraient-ils pas tentés d’utiliser tous les moyens pour obtenir des décisions favorables des politiques ? Et comment peut-on être sûr de l’incorruptibilité des décideurs, quand ils ont entretenu et parfois entretiennent encore des liens avec les industriels et les lobbyistes ?