Pour le symbole

Pour la première fois dans l’histoire des manifestations, le nombre de participants annoncé par les autorités dépasse celui revendiqué par les organisateurs. Le chiffre exact est impossible à déterminer avec précision, mais il se compte par millions entre le samedi et le dimanche, à Paris et dans la France entière. Des millions de personnes rassemblées pour manifester leur refus du terrorisme, leur solidarité avec les victimes et leur appartenance à une communauté.

 

Cela peut paraitre dérisoire. D’aucuns ne manquent pas de souligner la fragilité d’une union rassemblant des personnes très hétéroclites pour une communion fugitive. Bien sûr que tout cela n’est que symbolique. Justement. C’est le symbole qui est important. C’est lui qui restera dans l’histoire. Pendant une courte période, les Français ont su faire taire leurs divergences, passer au-dessus de leurs convictions politiques et de leur appartenance religieuse ou non. Avec tout le respect que je dois à Daniel Cohn-Bendit, je crois qu’il fait un contresens en dénonçant l’utilisation de la Marseillaise au prétexte que les dessinateurs de Charlie ne l’auraient pas chantée. Le slogan « je suis Charlie » est trompeur. Bien sûr que nous ne sommes pas Charlie. Nous n’en avons pas le talent ni forcément les mêmes convictions. À la rigueur, nous suivons Charlie. Et encore, pas tous. Mais nous soutenons le droit à la liberté de la presse, qui est fondamental et nous refusons que l’on tue au nom d’une idéologie, quelle qu’elle soit.

Nous le disons au nom de notre bien commun, la République française, et son régime si particulier de laïcité, qui garantit la liberté religieuse et l’exercice du culte en interdisant les signes ostentatoires dans l’espace public. Pour le manifester, c’est spontanément que nous faisons appel à l’hymne national, même si nous n’approuvons pas ses paroles guerrières. Ce n’est sans doute pas un hasard si la dernière manifestation un peu comparable a eu lieu en 1998 quand la France a remporté la coupe du monde de football et que la foule est sortie faire la fête sur les Champs-Élysées.

Dans des circonstances infiniment plus dramatiques, le pays s’est retrouvé et a su faire bloc. C’est peu, et c’est beaucoup. Il en est ainsi : les défaites sont amères, et les minuscules victoires, éphémères. Mais ce sont elles qui doivent nous faire avancer.

 

Commentaires  

#2 Louisette Guibert 13-01-2015 20:50
J'ai préféré chanter la chanson des Beatles All you need is love, écrite en 1967 lors de la guerre du Vietnam qui commence sur l'air de la Marseillaise et substitue des paroles d'amour à "qu'un sang impur abreuve nos sillons"...Je reste tétanisée parce que ces évènements témoignent d'un dérèglement généralisé dans lequel les folies individuelles et collectives peuvent se développer...
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#1 jacotte 86 12-01-2015 10:37
d'accord avec toi... je n'aime pas les paroles de notre Marseillaise, mais je l'ai chanté samedi comme "symbole" de notre identité Française qui nous faisait appartenir à une même communauté de protestation.
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