Et maintenant ?

L’épisode terroriste qui a frappé la France a donc connu son épilogue tragique, dont tout le monde espère qu’il ne sera pas provisoire. L’heure est au bilan, et il est lourd. 20 morts en trois jours, et la confirmation qu’il n’est pas possible de se prémunir contre des attaques de cette nature. Les candidats au jihad se comptent par centaines en France et les armes lourdes sont dérisoirement faciles à trouver du fait de la prolifération des conflits et du trafic qui en découle. Il faudra vivre avec cette menace, tout en essayant de la minimiser.

 

Le seul élément positif de cette terrible épreuve, c’est l’élan spontané qui a amené les Français à manifester leur solidarité avec les victimes de Charlie hebdo. Anonymes comme personnalités ont déclaré publiquement être eux-mêmes des Charlie, et le mouvement a largement dépassé nos frontières puisque Charlie Obama est venu personnellement à l’ambassade de France signer le registre de condoléances tandis que la manifestation de soutien prévue dimanche à Paris rassemblera autour de Charlie Hollande et Charlie Valls, Charlie Cameron, Charlie Rajoy, Charlie Merkel, Charlie Renzi et même Charlie Juncker.

À cette belle unanimité, il manquera le Front national, qui s’est saisi du prétexte de la maladresse de certains dirigeants socialistes pour se prétendre exclu de la communauté nationale et en a profité pour endosser son costume préféré, celui de victime, spoliant sans vergogne les véritables martyrs de cet odieux massacre. Pire, il en a profité pour ressortir ses thèmes de propagande favoris en soulevant l’idée d’un référendum sur le rétablissement de la peine de mort ou en demandant l’abolition de l’espace Schengen, comme si l’une ou l’autre de ces propositions pouvait avoir le moindre effet dans la lutte contre le terrorisme.

Car le danger qui nous guette maintenant, c’est la tentation de faire peser sur des individus ou des communautés la responsabilité de ce qui s’est passé en désignant des boucs émissaires. Quelques actes isolés ont déjà visé des mosquées et il faut éviter de verser de l’huile sur le feu. Il faut également se garder de la facilité de céder au tout sécuritaire en instituant un « patriot act » à la française, restreignant la liberté pour soi-disant la défendre. Le chemin est semé d’embuches, mais nous devons aux victimes de ne pas abandonner, pour qu’elles ne soient pas mortes pour rien.

Commentaires  

#1 Louisette Guibert 11-01-2015 16:02
Tu ne fais pas allusion aux assassinats antisémites qui me semblent faire vraiment partie intégrante de l'attentat, liberté d'expression certes, liberté de pensée...
Citer