Charlie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 8 janvier 2015 09:50
- Écrit par Claude Séné
D’abord la sidération. 10 morts. Puis 11. Puis 12. L’incrédulité. L’incompréhension. Les détails morbides qui arrivent au compte-goutte. Puis la peine, le chagrin, en apprenant l’identité des victimes. En se rendant compte que le lourd bilan de l’attentat sur le plan comptable se double de la perte de personnes familières à tous ceux qui ont pu avoir un jour ou l’autre Charlie hebdo entre les mains. Et pardon aux anonymes qui ont aussi perdu la vie hier, mais une pensée particulière pour les dessinateurs du journal satirique, surtout les « historiques » comme Cabu et Wolinski. Avec eux, comme pour beaucoup d’entre nous, c’est une partie de ma jeunesse qui disparait.
En dépit du choc provoqué par cet acte de violence barbare, on peut estimer qu’il a manqué son objectif principal qui était probablement de semer la terreur et de créer une peur panique dans la population. Les réactions des politiques et des médias ont été unanimes dans la condamnation et semblent sincères. Pour l’instant, il n’est pas question de récupération de ce drame à des fins partisanes et l’on peut espérer que cela va continuer. Personne n’a remis en cause l’action de la police, qui dans cette affaire ne pouvait guère faire plus et a payé au passage son tribut à la protection de la population. Pour l’instant et jusqu’à l’arrestation espérée des deux ou trois auteurs de l’attentat, c’est l’union sacrée.
Comme fortifiée par le soutien international inconditionnel, la population s’est ralliée spontanément au mot d’ordre « je suis Charlie » lancé sur les réseaux sociaux, pour une fois utiles à quelque chose, en se rassemblant à Paris et dans les grandes villes pour manifester leur révolte contre cette atteinte intolérable à la liberté de la presse. Un match de football entre deux clubs de division 1 avait lieu à Lille. Exceptionnellement, la minute de silence a été scrupuleusement respectée sans qu’aucun imbécile juge intelligent de se faire entendre pour la perturber, et les supporters ont ensuite entonné spontanément une Marseillaise maladroite, mais touchante. Comme si les terroristes avaient réussi à redonner un sentiment national à un public porté par essence à défendre son clocher. Je veux y voir un motif d’espérer dans cette période difficile, même si je sais que ce genre de consensus est nécessairement limité dans le temps. Pour nous, comme pour les victimes, Charlie doit vivre.
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