La dictature des intellos
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 22 novembre 2017 11:20
- Écrit par Claude Séné
Je suis tombé un peu par hasard sur une émission de télévision où Aymeric Caron, chroniqueur et journaliste, venait défendre son dernier ouvrage : « Utopia 21 », dans lequel il expose sa conception de la société idéale. Je dois dire que cela commence plutôt bien. Aymeric Caron fait le constat de la raréfaction du travail et propose de plafonner la semaine à 15 heures, pour partager la charge et les ressources qui vont avec elle. Ce qui laissera du temps pour des activités personnelles et réduira le stress général.
Deuxième axiome, qui est un peu le corollaire du premier, les écarts de rémunération ne sont pas justifiables, du moins dans les proportions observées actuellement, où les privilégiés perçoivent des sommes 10, 100 ou 10 000 fois supérieures aux plus mal lotis, au nom d’une rente de situation héritée ou acquise. J’ai à peine le temps d’applaudir qu’Aymeric Caron s’en prend aux politiciens professionnels, mus par l’ambition et la soif de pouvoir. Là, c’est simple, il suffit de limiter les mandats à un seul, non cumulable dans le temps et dans l’espace et de rendre impossible tout enrichissement personnel. On est dans l’utopie, hein, ne l’oublions pas ! moi, je dis : « banco », même si je suis conscient qu’une telle proposition se heurtera à de nombreux obstacles. Et c’est à ce moment, que, bizarrement, tout se gâte lorsque notre sympathique chroniqueur en vient au fonctionnement démocratique de la cité. Ce pourfendeur des inégalités se mue en ayatollah déniant le droit de vote aux électeurs incompétents. Il faudrait instituer un permis de voter, remis à jour à chaque élection, pour s’assurer de la bonne information et de la bonne compréhension des citoyens des enjeux du scrutin.
Voyons, cela me rappelle quelque chose. L’ancêtre de la démocratie moderne, c’est la société athénienne, dans laquelle les citoyens réunis en assemblée prennent les décisions. Petit souci, ils ne représentent que 11 % de la population. En sont exclus les femmes, les garçons avant 18 ans, les esclaves et les « métèques ». On comprend à demi-mot qu’Aymeric Caron juge le peuple mal éclairé et qu’il faut le guider sur le droit chemin. Qui de plus qualifié pour cette tâche que l’avant-garde des élites intellectuelles ? Ceux qui savent, et peuvent délivrer les certificats nécessaires à l’exercice des droits civiques. Au passage, le journaliste, converti d’assez fraîche date à l’antispécisme et au véganisme, en profite pour instituer une société où il sera interdit de tuer les animaux sous quelque prétexte que ce soit, et en particulier pour se nourrir. Sans oublier le combat contre la surpopulation, un fléau absolu, qui justifiera toutes les atteintes aux libertés individuelles. Où l’on comprend que notre gentil utopiste humaniste peut se commuer en tyran absolu pour notre plus grand bien. Brrr !
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