La post-démocratie en marche
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 18 novembre 2017 10:46
- Écrit par Claude Séné
Vous étiez resté sur l’ancienne conception de la démocratie, qui signifie littéralement le gouvernement par le peuple, oubliez tout ça, ça ne sert plus à rien. Vous aviez l’habitude de penser que les adhérents d’un parti ou d’un mouvement avaient leur mot à dire sur la désignation de leurs représentants ? Là, vous avez bon. Ce mot, c’est : « oui ! » Et si vous voulez, vous êtes même autorisé à ajouter : « merci ! » Merci de nous dire ce qu’il faut penser.
Le congrès de la République en Marche qui se tient aujourd’hui à Lyon devrait donc mettre fin à un suspense insoutenable. Qui va devenir délégué général de l’organisation ? Bon, Christophe Castaner est le seul à avoir été autorisé à se présenter, bien que Macron, qui l’a désigné, prétende ne pas se mêler de l’organisation de son parti, mais on ne sait jamais. À ceux qui se plaignent de ces méthodes monarchiques, on répond par la compétence du candidat, ce qui n’est nullement le sujet. J’ai noté avec amusement la réponse d’une militante à la question de savoir si le futur chef du parti pouvait conserver sa casquette de ministre porte-parole du gouvernement. Elle n’en sait rien, elle n’a même aucune opinion sur le sujet, car, dit-elle, ça se décide « en haut ». Elle ne veut visiblement pas prendre le risque d’être en contradiction avec la ligne officielle.
Il reste quand même des zones d’incertitude. Castaner sera-t-il « élu » avec 100 % des voix, ou sera-t-il possible de s’abstenir ? Question subsidiaire : le vote se déroulera-t-il à bulletin secret, à main levée ou par acclamations ? Summum de la modernité, le collège électoral comprendra de simples militants « de base » tirés au sort, 200 pour être précis, sur les 380 000 adhérents que revendique le mouvement. Un chiffre auquel il faut retirer la centaine de signataires d’une tribune qui dénonce les pratiques courtisanes et autoritaires du mouvement du Président. Ces marcheurs de la première heure ont cru au discours d’Emmanuel Macron quand il affirmait vouloir être le reflet de leurs aspirations, devenir le porte-parole d’un grand projet élaboré avec la réflexion des adhérents. La réalité leur est d’autant plus cruelle, quand ils se rendent compte qu’ils ne sont que les supplétifs, la chair à canon, juste bonne à monter au front défendre la ligne Maginot d’un autocrate qui décide de tout, jusqu’aux boutons de guêtre. Ils sont encore, malheureusement, ultra-minoritaires, bien que les sondages montrent un scepticisme grandissant des Français sur la politique menée par le chef de l’état.
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