Poupées barbantes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 16 novembre 2017 10:36
- Écrit par Claude Séné
Bientôt Noël, en tout cas pour les marchands de jouets, qui ont commencé à envahir les rayons des supermarchés. Pour illustrer mon propos du jour, je me permets de vous narrer une petite blague, que vous connaissez peut-être déjà. C’est un monsieur qui rentre dans un magasin et qui demande à voir les poupées Barbie. Il regarde, et compare les prix. La Barbie « de base » est vendue autour de 30 euros, mais il y en a une qui coûte carrément 500 euros. Pourtant, elle ne semble avoir rien d’extraordinaire, elle ressemble à toutes les autres.
Oui, dit la vendeuse, mais celle-là, c’est Barbie divorcée ! elle a la maison de Ken, la voiture de Ken, la résidence secondaire de Ken, la pension alimentaire de Ken… Et c’est vrai que tout tient dans les accessoires, que la marque Mattel a pris soin de développer à l’infini pour inciter ses petites clientes à réclamer les derniers modèles. Il faudra cependant patienter jusqu’en 2018 pour se procurer la toute nouvelle création de la marque américaine, sous la forme d’une Barbie voilée. L’alibi de cette initiative que je trouve pour ma part d’un goût douteux, c’est de rendre hommage à l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad, première sportive américaine à avoir participé voilée aux Jeux olympiques de 2016. Cette démarche est présentée comme un combat contre l’intolérance, alors que j’y vois pour ma part un symbole de l’allégeance à une pratique religieuse personnelle qui ne devrait pas empiéter sur la sphère publique et notamment le sport. Déjà, l’image véhiculée par le concept même des poupées Barbie a été régulièrement dénoncée à juste titre par les associations féministes. Barbie est assignée au rôle de femme au foyer, une ménagère, mais pas désespérée, ravie de se conformer à l’archétype de la femme qui attend le retour de son mari, pomponnée comme il se doit.
Pour essayer de casser un peu cette image, Mattel avait sorti en 2016 une poupée noire à l’effigie d’une gymnaste américaine, médaillée d’or à Londres. C’était un bon début vers une représentation un peu plus diversifiée de la société. Je crains qu’avec la Barbie voilée on ne retombe dans un communautarisme plus clivant que rassembleur. À quand la Barbie terroriste, avec toute la panoplie : sa ceinture d’explosifs, les cartouchières, la kalachnikov en bandoulière et ses chargeurs de rechange ? L’occasion de vendre, non seulement le simple hijab, mais les tenues « décentes » que constituent tchador, niqab ou burqa. Au moment où le fabricant de jouets américain est en perte de vitesse, tout est bon pour faire du bizness. Et peu importent les causes, du moment qu’elles rapportent.
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