Bienvenue au paradis !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 7 novembre 2017 10:49
- Écrit par Claude Séné
Au paradis sur terre, s’entend. Ou plus exactement aux paradis, au pluriel. C’est comme pour le père Noël. Si vous ne connaissez pas l’adresse, ne vous inquiétez pas. Mettez votre lettre dans la boîte et l’intendance suivra. Si vous croyez que la reine d’Angleterre se soucie de savoir si son argent échouera aux îles Caïman, aux Bahamas, aux îles Vierges ou plus prosaïquement en Irlande ou au Luxembourg, vous vous trompez lourdement. Il lui suffit de savoir que ses intérêts personnels seront protégés et que ses économies fructifieront. Comme on dit à Buckingham, chacun pour soi et Dieu protège la Reine.
Donc, rien ni personne ne vous empêche d’ouvrir un compte « offshore » dans un des pays précités, ou dans un des quelques 30 paradis fiscaux dûment répertoriés officiellement, sans qu’il vous soit demandé de justification sur l’origine des fonds, votre identité et autres tracasseries administratives. Ah ! si ! Pardon, j’oubliais. Vous n’avez pas un rond. C’est un petit détail, mais il peut suffire à faire de vous un complet Étranger au Paradis. C’est dommage, parce que vous n’auriez que l’embarras du choix. La plupart de ces paradis sont situés dans des îles enchanteresses et permettent souvent d’échapper totalement aux taxes et impôts ou de blanchir des fonds de provenance douteuse. Mais y compris sur le continent, il est possible de trouver quelques purgatoires qui se concurrencent pour capter les capitaux à coup de dumping fiscal, et permettent ainsi d’échapper aux enfers que sont les pays préférant pratiquer l’impôt officiel au détriment de la magouille, comme la France, dans une large mesure. Le problème, c’est que les multinationales, en particulier les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ont des budgets plus importants que les états et échappent presque complètement à l’impôt dans les pays à forte taxation.
Il faut reconnaître, en tant que particulier, qu’il n’est pas spécialement agréable de devoir prélever une partie de ce que l’on gagne, parfois durement, pour la collectivité. C’est pourtant la base de ce que Rousseau a appelé le Contrat social, sur lequel se fonde toute l’histoire de la période moderne suivant le siècle des Lumières. Le règne du capitalisme sans limites et de la loi du profit maximum et immédiat s’oppose radicalement à la moindre entrave à sa liberté souveraine. Autant dire que des initiatives isolées des états sont vouées à l’échec. La concertation se doit d’être mondiale. Il est nécessaire que les états prennent conscience que leur intérêt commun à long terme réside dans un accord fiscal et financier. Ce n’est qu’à cette condition que les Enfants du Paradis, c’est-à-dire les petits, les sans-grade, pourront espérer un minimum de justice sur cette terre.