Une insulte
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 5 décembre 2014 11:03
- Écrit par Claude Séné
Selon le grand rabbin de France, l’agression dont a été victime un couple de Créteil est « une insulte à ce qu’est la France ». Peut-être. C’est aussi, et surtout, à mon sens, une insulte à l’intelligence et même au simple bon sens. Aller s’imaginer que des personnes sont riches pour la seule raison qu’on les croit de confession israélite, et qu’ils continuent néanmoins à habiter dans des conditions très ordinaires dans un quartier populaire relève de la bêtise pure et simple. Alors, que ces faibles d’esprit soient des victimes toutes trouvées pour gober les fables qui nourrissent la haine entre les communautés, rien de bien étonnant.
Que l’on se nourrisse de ces faits divers pour agiter le spectre de l’antisémitisme me parait contre-productif. L’antisémitisme est un fléau dont il serait vain de nier l’existence. Il a dans le passé provoqué des drames absolus, au premier rang desquels il faut naturellement placer la Shoah. Il me semble que dans l’agression de Créteil il n’y a pas qu’une différence de degré avec le génocide des juifs par les nazis, mais une différence de nature. La motivation première des agresseurs de Créteil semble avoir été l’appât du gain. Leur absence de sens moral les a poussés à prendre à autrui ce dont ils pensaient avoir besoin, et le préjugé raciste les a fait choisir pour victimes un couple juif par stupidité absolue. Cela n’excuse en rien leur geste, mais il me semble que le caractère antisémite doit être considéré comme une circonstance aggravante et non comme le mobile principal. On peut faire une différence avec la dégradation d’un lieu de culte par exemple, ou l’agression de personnes qui porteraient des signes distinctifs religieux apparents, à seule raison de leur appartenance.
À vouloir mélanger tous les actes qui ont un rapport avec l’antisémitisme, au lieu de renforcer la lutte contre l’intolérance, on l’affaiblit. Le contexte dans lequel nous vivons n’est plus celui de la première moitié du 20e siècle. Dans les banlieues françaises, la référence n’est pas celle du national-socialisme, mais celle du conflit israélo-palestinien qui pèse sur les communautés qui y vivent. Est venu s’y ajouter le fanatisme religieux de certains extrémistes du type Mohammed Mérah. C’est cet ensemble qui constitue le terreau dans lequel se développe la haine des autres, le véritable ennemi qu’il nous faut combattre.