Mauvaise foi
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 27 juillet 2016 10:20
- Écrit par Claude Séné
Je m’étais pourtant promis de tâcher de vous distraire d’une actualité morose dont les médias nous abreuvent sans discontinuer depuis trop longtemps déjà. Mais, malgré une lecture attentive de vos quotidiens, je n’ai pu trouver le moindre petit morceau de mouche ou de vermisseau de nature à vous arracher un sourire. Je dois être fait d’un autre bois que certains jeunes catholiques français en goguette aux Journées mondiales de la jeunesse à Cracovie, dont la bonne humeur et l’inconscience m’ont un peu sidéré. L’enquête sur l’attentat du 14 juillet à Nice n’a donc pas eu le temps de nous fournir ses derniers développements et de nous livrer ses ultimes polémiques, qu’un nouvel attentat s’est produit près de Rouen.
Pour l’opposition, c’est pain béni, si l’on suit le raisonnement lumineux d’Alain Juppé : il suffit que l’évènement se soit produit pour démontrer à l’évidence qu’il y a une faille et donc une faute dans le dispositif de sécurité de l’état. Une obligation de résultat dont il n’a jamais revendiqué la paternité quand il était lui-même, ou ses amis politiques, aux affaires de la nation. La surenchère démagogique en vue de la primaire n’est sûrement pas étrangère à cette position. De son côté, Nicolas Sarkozy, qui a oublié qu’il avait été l’artisan de l’affaiblissement des forces de sécurité, demande au gouvernement d’appliquer la politique de la droite, comme pour la loi travail. Parmi les mesures envisagées, le placement sous bracelet électronique vient de faire la preuve de son inefficacité à empêcher la commission d’actes terroristes. Quant à mettre en prison les 20 000 fichés « S » français ce n’est ni raisonnable, ni réaliste, et le résultat n’en est même pas garanti.
Il faut se rendre à l’évidence. La France, pas plus que l’Allemagne ou d’autres pays démocratiques, ne peut pas se prémunir contre toutes les attaques terroristes de type « spontané », préparées en secret par des individus ou de très petits groupes. Elle ne peut pas surveiller continûment tous les lieux susceptibles d’être visés. Sa seule riposte se trouve dans l’opinion. Et à cet égard, Daech fait un contresens en s’en prenant au culte catholique, comme s’il jouait le même rôle que le culte salafiste dont il se réclame. Contrairement à ce qu’il voudrait faire croire, la guerre menée contre lui par la France en Syrie ou en Irak, voire en Libye, ne s’apparente en aucune façon aux croisades d’autrefois. Son action contre les églises ou les prêtres catholiques pourrait même être contreproductive en fédérant les opposants à leur barbarie. Les Français en ont définitivement fini, je l’espère, avec des guerres de religion d’un autre âge.