Vous pouvez répéter la question ?
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 20 juillet 2016 10:50
- Écrit par Claude Séné
En matière de sondages, bien souvent, ce n’est pas la réponse qui est la plus intéressante, mais la question. J’en veux pour preuve une récente enquête d’opinion sur les élections présidentielles de 2017. Contrairement à l’habitude, l’institut de sondage n’a pas demandé pour quel candidat les personnes interrogées avaient l’intention de voter, mais celui dont elles ne souhaiteraient « en aucun cas » l’élection. Nuance de taille, et qui ne préjuge en rien des résultats de la consultation. L’étude a été réalisée par l’IFOP pour le compte du site Atlantico, dont on connait les sympathies pour l’opposition.
En posant cette question, le commanditaire du sondage s’attend visiblement à un rejet de François Hollande, et de ce point de vue, il n’est pas déçu : 73 % des personnes interrogées ne veulent pas qu’il soit réélu, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que les 27 % restants soient prêts à voter pour lui, ce dont il se satisferait probablement au premier tour. Autre résultat plutôt attendu, Nicolas Sarkozy ne fait guère mieux que le président sortant avec 66 % qui le rejettent. À ce stade, l’interprétation logique se tourne vers la déception qu’auraient provoquée ces deux personnalités ayant récemment exercé le pouvoir. Que nenni ! les autres candidats potentiels ne tirent pas mieux leur épingle du jeu. Dans l’ordre, Cécile Duflot et Nicolas Dupont-Aignan, 68 %, Jean-Luc Mélenchon, 64 %, Marine Le Pen, 63 %, Bruno Le Maire, 60 %, François Fillon, 57 %, Arnaud Montebourg, 54 %, François Bayrou, 53 %, et même les chouchous des sondages, Emmanuel Macron est à 51 % de rejet et Alain Juppé à 42 %, ce qui est présenté comme un exploit. Pour le sondeur, cela signifie qu’Alain Juppé, s’il ne soulève pas l’enthousiasme, ne suscite pas non plus de trop grandes réactions négatives. Ce serait le triomphe de l’eau tiède en quelque sorte.
Perspective assez peu réjouissante en elle-même, mais qui masque une autre réalité encore plus désolante, celle d’un rejet massif et global des personnalités politiques qui aspirent à diriger le pays, qu’elles soient des chevaux de retour comme des perdreaux de l’année. La popularité de Manuel Valls n’a pas été testée, mais l’accueil qui lui a été réservé à Nice par une partie de la population en dit long à ce sujet. Une des rares personnalités à susciter une adhésion qui dépasse les clivages partisans, Nicolas Hulot, ayant jeté l’éponge, il faut s’attendre à une nouvelle élection présidentielle par défaut, dont le vainqueur s’empressera d’oublier ce qu’il doit à son électorat, au lieu d’appliquer le précepte premier du médecin : ne pas nuire à son patient.