Morandini et la patrouille

Voilà une bonne vingtaine d’années que Jean-Marc Morandini sévit dans les médias, radio, télévision et internet, et qu’il symbolise ce que chacun peut receler de pire. Il s’est illustré dans la trash TV, faisant un slogan de son expression favorite : « ne zappez pas », devenu le nom de sa boite de production et résumant sa philosophie, être prêt à toutes les compromissions pour faire de l’audience. Les contenus sont simples, il s’agit de relayer tout ce qui peut faire du « buzz » et pour cela s’intéresser aux moindres faits et gestes des « people ».

Même cette presse de caniveau, Morandini se contente de la reprendre et ne cherche pas à enquêter pour trouver les informations dont il fait ses choux gras. Naturellement, la technique du copier-coller lui va comme un gant et il ne se donne pas la peine de créditer les auteurs des potins ou des photographies qu’il publie, ce qui lui a valu quelques procès. Seul l’audimat compte, et s’il n’est pas suffisamment favorable, il n’hésite pas à gonfler les chiffres. La simple liste de ses rivaux et adversaires suffit à démontrer dans quel cercle il se situe. Des polémiques l’ont opposé à Cyril Hanouna ou à l’un de ses chroniqueurs, à Patrick Sébastien, à Marc-Olivier Fogiel, j’en passe certainement. Spécialisé dans les petites phrases perfides, il avait tweeté sur la baisse de tirage des « inrocks » ». Il n’a pas eu affaire à des ingrats, puisque le journal a publié une enquête détaillée le concernant, ainsi que les méthodes particulières de casting employées dans sa société pour choisir les acteurs d’une série effectivement réalisée récemment.

On y découvre un intérêt de l’animateur à l’égard des garçons, jeunes, voire mineurs, et l’abus de confiance pour les amener à poser nus et à pratiquer des activités sexuelles devant la caméra ou en sa présence. Il n’est pas question ici de reprocher à Jean-Marc Morandini ses préférences sexuelles, mais bien d’utiliser son statut et sa notoriété pour abuser de jeunes acteurs pouvant se laisser influencer par l’espoir de décrocher des rôles et débuter dans une carrière difficile. Bien que l’animateur, qui ne mérite pas à mes yeux le titre de journaliste, démente ces faits et porte plainte contre le journal, il aura bien du mal à effacer l’impact négatif de ces affirmations, étayées par le témoignage de plusieurs de ses victimes. Il ne serait pas le premier à être ainsi épinglé et rattrapé par la patrouille, comme Jimmy Savile, une énorme vedette de la BBC, récemment confondue. Il rejoindrait ainsi le caniveau dont il n’aurait jamais dû sortir.