Le péché d’orgueil

Il est le premier des sept péchés capitaux de la religion chrétienne, car il est celui qui conduit à tous les autres… (pour l’islam, l’orgueil, 17e péché sur les 70 que compte cette religion ou al-kibr est une barrière pour entrer au paradis), on dit qu’à l’origine Satan, jaloux du bonheur d’Adam et Ève les a détournés de Dieu en leur faisant croire que s’ils mangeaient le fruit défendu, ils deviendraient aussi puissants que Dieu lui-même. C’est ainsi qu’Adam et Ève furent emportés par la révolte orgueilleuse, posséder la puissance divine. La punition ne s’est pas fait attendre, ils furent chassés du paradis terrestre.

On retrouve là, l’essentiel du sens de l’orgueil qui est synonyme de haute estime de soi. L’orgueilleux est persuadé de sa propre excellence, aux dépens de la considération due à autrui, entraînant le mépris de tout sauf de soi-même.

Sur un plan individuel, l’orgueil amène à penser qu’on a toujours raison et que l’autre a tort, c’est un refus de la différence et de la reconnaissance des divergences d’opinions. La meilleure arme contre l’orgueil c’est l’humilité qui en est son contraire et la tolérance. Derrière l’orgueil se cachent des peurs, celles de ne pas être aimé, d’être rejeté, jugé, critiqué, de ne pas être à la hauteur, c’est donc souvent une façade de protection et un déni de faiblesse.

 L’éclairage la psychanalyse s’impose :

La construction de l’idéal du moi est une tentative de récupérer la toute-puissance perdue et désirer plus que ce que la juste mesure du destin nous a attribué, avec l’orgueil, l’objet idéalisé est le Moi. Le paradoxe c’est que l’autre doit exister en tant que témoin de notre supériorité, pour se sentir Dieu, la présence de simples humains est fondamentale ! L’hypertrophie du Moi, caractéristique de l’orgueilleux, est constitutive de la paranoïa, lit de la méfiance, des idées de persécutions. L’orgueil développe un narcissisme outrancier, le sujet se confond avec sa propre image idéale. L’orgueilleux est un perfectionniste et vit très mal les échecs. Pour faire court, l’orgueil c’est la pathologie de l’estime de soi.

De nombreux écrivains, Balzac, Stendhal, Flaubert, Pouchkine, pour ne citer qu’eux, ont fait place dans leurs œuvres à des héros dont l’orgueil était le moteur, ce qui rendait leur histoire passionnante.

Sur un plan collectif, l’histoire nous apprend, hélas, que l’orgueil d’une nation entraînée par des chefs pétris d’orgueil est à l’origine de grands déchirements entre les peuples, responsable de guerres d’intrigues et de haines. Les chefs ont pour nom Napoléon, Hitler et plus près de nous Kim Jong-un et autres dictateurs à l’ego surdimensionné !

Pour alléger un peu le tableau de ce sentiment qui supplée souvent le manque d’assurance, en évitant d’être bouffi d’orgueil, de se piquer d’orgueil, d’être perdu d’orgueil, de tomber du haut de son orgueil, on pourra s’autoriser à avoir son petit orgueil, entraînant une légitime satisfaction d’amour-propre. Gardons-nous donc d’être totalement dépourvus d’orgueil, avec juste ce qu’il faut d’humilité et de lucidité, nous irons vers la sagesse.

L’invitée du dimanche