Le monde est fou
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 18 juin 2016 10:14
- Écrit par Claude Séné
« Le monde est fou, fou, fou », chantait Pauline Ester au siècle dernier. Force est de constater qu’il n’évolue pas vers plus de sagesse de nos jours. Nous n’avons même plus le temps de commenter un évènement dramatique qu’un autre se profile qui lui dispute la première place dans l’horreur. Ainsi, à peine l’hommage solennel de la nation à l’égard de ces deux policiers tués à leur domicile s’était-il achevé que nous apprenions l’assassinat de la députée travailliste Jo Cox en Angleterre en pleine campagne référendaire pour ou contre le Brexit.
Il semble qu’un nouvel échelon de la violence ait été franchi. On assiste à un mélange entre le terrorisme tel que nous le connaissions jusqu’ici, un terrorisme raisonné d’une certaine façon, même quand ses cibles semblaient choisies au hasard, un terrorisme planifié, reposant sur une organisation, une logistique telle que celle révélée après coup dans les attentats de Paris ou de Bruxelles. Bien que très difficile, la lutte contre cette forme de terrorisme est possible dans le cadre d’une surveillance systématique des milieux radicaux, grâce aux fameuses fiches S qui répertorient les individus soupçonnés de vouloir passer aux actes. Non pas en les mettant tous en prison comme le suggère un Éric Ciotti dans un bel élan de démagogie, mais en menant un véritable travail d’enquête, dont les services français sont capables, pour peu qu’on leur en donne les moyens.
Beaucoup plus compliqué de prévoir des assassinats ciblés de policiers comme à Magnanville. Les motivations de vengeance personnelle de l’assassin, bien que mélangées à une revendication idéologique de l’état islamique semblent avoir joué un rôle déterminant dans le choix des victimes. Et ce n’est pas la possibilité de conserver une arme de service qui aurait sauvé la vie de la malheureuse mère de famille, employée dans les bureaux du commissariat.
D’une façon similaire, le forcené qui a tué Jo Cox avait peut-être des motivations politiques, puisqu’on sait qu’il était proche d’un mouvement d’extrême droite, mais il avait aussi des antécédents psychiatriques. Faut-il être fou pour se mettre au service d’idéologies insensées ? Pas nécessairement, mais ce n’est visiblement pas incompatible. Il y a de plus en plus de déséquilibrés ou de voyous parmi les candidats au djihad. La société peut difficilement se prémunir contre des comportements peu ou pas planifiés, visant des cibles aussi aléatoires. Par contre, il faut redoubler de précautions pour protéger les sites à risques. Si des fumigènes ont pu être introduits dans le stade où se déroulait le match Croatie-République tchèque, quel aurait été le bilan s’il s’était agi d’explosifs ? On n’ose y penser.