De l’électricité dans l’air
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 17 juin 2016 10:43
- Écrit par Claude Séné
Les tarifs de l’électricité sont un sujet sensible. Depuis que la communauté européenne a imposé l’ouverture de ce marché à la concurrence, en principe pour tirer les prix à la baisse, deux tarifs coexistent, l’un, dit réglementé, soumis à la puissance publique qui en fixe le montant, et l’autre, dit libre, pouvant fluctuer à la hausse comme à la baisse, selon la conjoncture. Les associations de consommateurs ont mis en garde les usagers sur ces contrats dès le début et les risques de voir les prix flamber, après une période de gain apparent. Et de fait, EDF a gardé une très grande partie de ses clients, peu convaincus par les offres alternatives.
Ce qui ne l’a pas empêché de demander des hausses substantielles pour faire face à des investissements élevés et à l’entretien d’un parc nucléaire vieillissant. La ministre de tutelle, Ségolène Royal, avait refusé une hausse de 5 % en août 2014, pour décider d’une augmentation limitée à 2,5 % en novembre de la même année. C’est cette décision qui vient d’être annulée par le Conseil d’État, avec pour conséquence la nécessité de recouvrer rétroactivement la différence. Là où l’affaire se corse, c’est quand on apprend que ce sont les concurrents d’EDF, regroupés dans une association, l’Anode, qui a saisi le Conseil d’État pour pousser à une augmentation générale des tarifs, y compris les leurs, jugés trop peu rémunérateurs. Le tout au nom d’une suspicion de distorsion de concurrence. On se croirait revenu au temps où les opérateurs téléphoniques pratiquaient en toute illégalité des ententes tarifaires pour se partager le marché des télécommunications.
Les clients d’EDF devront débourser environ 30 € répartis sur 18 mois, ce qui est toujours trop pour les petits revenus. Ce type de mésaventure ne devrait toutefois pas se renouveler puisqu’entre-temps les règles ont changé. Les prix sont désormais fixés par la Commission de régulation de l’énergie en se basant sur les tarifs du marché de gros de l’électricité, qui s’appliquent aussi bien à EDF qu’à ses concurrents. Cette commission indépendante n’avait auparavant qu’un rôle consultatif. Si le centre de décision a été déplacé, il faut néanmoins s’attendre à des augmentations régulières de tarif, notamment du fait du gouffre financier des projets d’EPR à Flamanville et en Angleterre, avec pour conséquence des fins de mois difficiles pour les plus pauvres, ce qui rend plus que jamais nécessaire l’existence d’un tarif social de l’énergie, désormais aussi vitale que la subsistance, qui prendra la forme d’un chèque énergie dans le cadre de la loi sur la transition énergétique.