Droit de grève
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 6 juin 2016 10:39
- Écrit par Claude Séné
Il est garanti par la Constitution dans son préambule, mais fait régulièrement l’objet d’attaques sournoises visant à en réduire la portée à défaut de pouvoir le supprimer totalement. Outre les mesures portant sur les préavis exigés dans la fonction publique, la droite a toujours défendu l’obligation d’un service minimum dans les services publics, en particulier dans le domaine des transports. L’objectif plus ou moins avoué serait de faire en sorte que ceux-ci soient assurés pratiquement à 100 %, sans occasionner la moindre gêne aux usagers. C’est pourtant le seul et unique moyen de se faire entendre pour les salariés, tant le dialogue social est bloqué durablement.
Nous avons pris la détestable habitude d’employer un vocabulaire totalement dévoyé de son usage primitif pour décrire la situation des voyageurs, ou du public en général, lors des grèves. Il s’agit effectivement d’une gêne, voulue, pour obliger le patronat à rejoindre la table de négociation, ou dans le cas de la loi sur le travail, à contraindre le gouvernement à revoir sa copie. Qualifier ce rapport de force de chantage est très au-delà de la réalité et introduit une notion d’illégitimité voire de crime ou de délit dans un processus normal de revendication. De même, il est devenu banal de prétendre que les usagers sont « pris en otage » par le mouvement social, ce qui est une insulte aux véritables otages qui ont eu à connaitre la réalité d’une situation dramatique sans commune mesure avec le désagrément d’une perturbation dans ses déplacements par exemple. Dans ce contexte, je ne me suis pas spécialement étonné d’entendre Valérie Pécresse demander aux grévistes de la SNCF d’arrêter leur mouvement par solidarité avec les personnes victimes des inondations. La ficelle est un peu grosse, mais que peut-on attendre de la nouvelle présidente de région issue de la frange la plus conservatrice de la droite traditionnelle ?
En revanche, que cet argument soit repris par le Premier ministre et dans une moindre mesure, par le président de la République, qui se réclament tous deux de la gauche, me laisse sans voix, ou presque. Ne s’agit-il pas là d’un odieux chantage affectif, visant à opposer des catégories de la population dont les intérêts sont à l’évidence liés ? Et les malheureux sinistrés qui ont perdu une part plus ou moins importante de leurs biens ne sont-ils pas instrumentalisés par cette demande ? Ne sont-ils pas, bien davantage que les voyageurs de la SNCF, les otages d’une démarche partisane visant à affaiblir le mouvement social plutôt que de discuter de ses revendications ? À mon avis, la manœuvre est un peu trop grossière pour être efficace.
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