Un Carlos peut en cacher un autre

Mettons à part le fantaisiste disparu en 2008, qui n’a guère fait de mal à qui que ce soit en assurant la promotion d’une boisson sucrée et gazeuse sur fond d’exotisme bon marché. Être le fils de Françoise Dolto n’a pas dû être si facile après tout. Non je veux parler de la hausse de rémunération faramineuse qui a été octroyée au patron de PSA l’année dernière. Une augmentation de près de 100 % qui lui a permis de toucher 5,24 millions d’Euros en 2015, quand les fonctionnaires vont devoir se contenter d’une médiocre revalorisation de leur point d’indice de 1,2 %, en deux fois, pour qu’ils ne dépensent pas tout d’un coup.

Carlos Tavares est pourtant encore loin derrière un autre Carlos, le PDG du groupe concurrent français, qui lui s’est fait voter un triplement de son salaire. En 2015, Carlos Goshn a touché 7,21 millions de Renault, auxquels s’ajoutent 7,4 millions de Nissan qu’il dirige également. Dans les deux cas, le groupe a fait des bénéfices, ce qui sert de justification à ces salaires exorbitants. Dans les deux cas aussi, ces résultats ont été obtenus sur le dos des salariés dont les effectifs ont été largement diminués. Ce qui veut dire charge supplémentaire de travail et aggravation du chômage global, aux frais de la collectivité.

Un autre artisan du développement automobile, Henry Ford, souhaitait que les écarts de rémunération dans ses usines ne dépassent pas le rapport de 1 à 40, ce qui est déjà beaucoup. Les entreprises publiques, elles, sont limitées à 1 pour 20 et la moyenne des entreprises du CAC 40 est à 1 pour 77, tandis que le record des inégalités est détenu par Publicis avec un rapport de 1 à 264 entre le salaire du PDG, Maurice Lévy, et la moyenne des salaires de la firme. Les partisans de la libre entreprise sans freins ni lois m’objecteront que cet argent, ils ne l’ont pas volé et que leurs rémunérations ont été votées par les actionnaires. Certes. Mais on sait très bien que les conseils d’administration reposent sur une poignée de personnes qui se tiennent mutuellement. Tout se passe comme si ces PDG se comportaient comme un autre Carlos, de sinistre mémoire, responsable de vagues de terrorisme en son temps, et toujours détenu à la centrale de Poissy. Ces patrons prennent leurs entreprises en otage et pratiquent quasiment de l’extorsion de fonds, en abusant de leur position dominante. Mais que fait la police ?