7 ans de réflexion

On ne pourra pas accuser le cardinal Barbarin d’avoir pris sa décision à la légère. Déjà mis en cause dans deux affaires de pédophilie concernant des prêtres de son diocèse qu’il aurait négligé de sanctionner, le prélat s’est décidé à demander au père Billioud de « suspendre son mandat jusqu’à ce que justice se fasse ». Il avait été alerté par la victime d’attouchements en 2009, et lui avait laissé entendre que le curé ne serait plus en contact avec des enfants. C’est chose faite, mais il n’est pas exclu que le père Billioud ait commis d’autres agressions pendant cette période.

Le silence du cardinal Barbarin constitue à lui seul une faute morale et peut-être juridique. Il se défend d’avoir « couvert » les curés mis en cause au sens où il aurait cautionné leurs pratiques. Et pourtant le simple fait de ne pas permettre d’investigations, de mentir par omission, de ne pas appliquer les plus élémentaires des protections, est répréhensible. L’église a préféré se protéger elle-même en évitant de laisser éclater le scandale plutôt que de protéger les victimes et d’essayer de réparer le préjudice qu’elles ont subi, dans la mesure où c’est possible. Pire, en ne dénonçant pas les faits présumés, qui sont souvent prescrits, « Dieu merci », précise le cardinal dans un accès de franchise involontaire, on prive les victimes de leur statut, les renvoyant à une forme de culpabilisation en empêchant toute justice de se faire entendre.

La défense du primat des Gaules est très maladroite. Comme les politiques, il laisse entendre qu’il est victime d’une cabale en raison de ses positions contre le mariage pour tous et il se drape dans la présomption d’innocence. En réalité, ce n’est pas le cardinal en tant que personne qui est mis en cause, mais toute l’institution qu’il représente, et qui serait bien inspirée de réagir tant qu’il en est encore temps en se prononçant clairement pour une tolérance zéro à l’égard de la pédophilie, en particulier dans l’église. Ce n’est pas au cardinal Barbarin de « prendre ses responsabilités » comme le lui a demandé Manuel Valls. Il aurait dû le faire il y a bien longtemps, et sa démission ne changerait plus grand-chose à présent. C’est à la hiérarchie de démontrer qu’elle veut balayer devant la porte de l’église, et qui serait mieux placé pour le faire que le pape lui-même ? Allez, encore un effort, François.

Commentaires  

#1 poucette 16-03-2016 11:33
ce serait tellement plus simple si les prêtres pouvaient se marier et avoir une vie sexuelle normale ! ! !!!
Citer