Machiavel

Le Medef en avait rêvé, Manuel Valls l’a fait. Et il ira jusqu’au bout, formule vague qui rappelle quand même celle d’Alain Juppé, qui se disait « droit dans ses bottes » quand son gouvernement mettait la France dans la rue en 1995. Il s’agit bien sûr de la loi sur le Code du travail, improprement baptisée loi El Khomri, dont la pauvre ministre du Travail n’avait visiblement jamais entendu un traitre mot avant sa nomination. Et des mots traitres, ce n’est pas ce qui manque dans un texte destiné avant tout à faciliter les licenciements, en prétendant favoriser les embauches.

Un premier effet pour le moins inattendu de ce projet de loi, c’est qu’il est en train de fournir une base inespérée pour reconstituer un front syndical mis à mal par des générations de compromis et un affaiblissement général des organisations ouvrières. Alors que les syndicats n’arrivent même plus à faire des défilés communs à l’occasion du 1er mai, ce qui n’engage pourtant pas à grand-chose, le texte du gouvernement a permis de réunir 9 organisations autour d’une même table, ce qui est déjà, en soi, une performance. Les résultats de cette confrontation sont encore modestes, puisque seule la disposition concernant le plafonnement des indemnités accordées par les Prud’hommes a fait l’objet d’une condamnation unanime, si l’on excepte FO par ailleurs très critique sur le projet du gouvernement.

Avant même sa présentation devant le conseil des ministres, la réforme a réussi le tour de force de s’attirer les foudres non seulement de la gauche de la gauche, mais aussi d’une bonne partie des bataillons du PS, dont les députés sortants commencent à s’inquiéter de leur image dans l’opinion, à un peu plus d’un an d’élections législatives qui s’annoncent très difficiles. Une pétition en ligne a recueilli plus de 300 000 signatures en quelques jours et les organisations lycéennes et étudiantes commencent également à se mobiliser. Le vent serait-il en train de tourner ? Et si toute cette agitation n’était que la traduction d’un plan machiavélique, dans lequel Hollande couperait l’herbe sous les pieds de ses adversaires de droite ? Que leur restera-t-il à faire si tous les coups de Jarnac ont déjà été portés ? Quand des voix se font entendre de plus en plus fort pour presser le président sortant de se soumettre au processus des primaires, n’aurait-il pas décidé de concourir de préférence dans la catégorie primaire de la droite et du centre ? Le suspense est insoutenable.

Commentaires  

#1 poucette 24-02-2016 11:23
il reste encore le 49.3
mais à double tranchant.....
l'hiver va bientôt finir et je vais espérer un beau printemps pour des manifs sans pluie
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