Conclave
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 13 juillet 2024 10:55
- Écrit par Claude Séné
Les négociations au sein du nouveau Front populaire pour désigner un Premier ministre de gauche, candidat à la nomination par le Président de la République, prennent plus de temps que prévu. Alors que les accords en vue des législatives anticipées voulues par Emmanuel Macron ont été bouclées en un temps record, bien que beaucoup, dont le président lui-même, tablaient sur un échec, les discussions patinent sur le choix du personnage qui pourrait incarner l’opposition de gauche et si possible rassembler au-delà de sa personne pour former un gouvernement. Comme les évêques se réunissent en conclave pour désigner un nouveau pape, les négociateurs des différents partis doivent impérativement se mettre d’accord sur un nom.
Il semblerait que Jean-Luc Mélenchon, tout en clamant sa légitimité à occuper le poste s’il était désigné, n’en fasse plus un préalable, ce qui ouvrirait la voie à un candidat ou une candidate qui ne soit pas automatiquement issu de la France insoumise. Dans ce sens, la candidature éventuelle d’Huguette Bello, actuelle présidente de la région de la Réunion, pourrait être une solution pour sortir du duel PS-LFI pour le leadership du bloc NFP. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’une fumée blanche sorte au cours de ce week-end, et qu’un accord soit trouvé sur ce nom ou sur un autre. Si ce n’était pas le cas, une procédure démocratique consisterait à consulter l’ensemble des députés du nouveau Front populaire pour trancher pour la personnalité la plus souhaitable à ce poste. Même si la portée symbolique d’une telle nomination est grande, il faut également mesurer les obstacles qui se dresseront immédiatement sur la route d’un futur Premier ministre de gauche et de son gouvernement.
Pour commencer, rien ne nous garantit que le président désavoué acceptera de jouer le jeu normal des institutions, tant il a été vexé par les résultats de son manque de clairvoyance, qu’il a tenté maladroitement d’imputer au comportement des ambitieux de son propre camp, qui ont donné « une image désastreuse ». Le rassemblement national a d’ores et déjà annoncé la couleur en promettant de censurer tout gouvernement issu du nouveau Front populaire. Sachant qu’il ne dispose pas à lui seul du nombre de voix permettant de mettre sa menace à exécution, il compte apparemment sur le soutien des députés du camp présidentiel pour y parvenir. Voilà qui pourrait éclairer d’un jour nouveau le dîner qui a réuni Édouard Philippe et Marine Le Pen en décembre dernier, dont on ne connaît pas précisément le contenu des échanges sur le plan politique. Au point où en est la Macronie, rien ne peut être exclu. Emmanuel Macron cherche visiblement à gagner du temps et devrait nommer un gouvernement provisoire pour gérer les affaires courantes, un provisoire qui pourrait s’installer et paralyser durablement l’action publique.