Nouvelle alerte-enlèvement !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 19 décembre 2023 10:41
- Écrit par Claude Séné
Je vous laisse compléter la bande-son vous-mêmes, car je ne sais pas comment écrire une onomatopée figurant les sirènes mélodramatiques accompagnant les communiqués de mise dans ces cas-là. Je vous connais, vous ferez ça très bien. Mais voyons d’abord les faits. Une institution de la République, la Commission paritaire mixte (CMP), a été kidnappée et elle est actuellement retenue en otage par un petit groupe d’irréductibles parlementaires, des activistes peu nombreux, mais déterminés, dont la motivation sans faille compense la faiblesse opérationnelle. Les 14 membres, sept titulaires et sept remplaçants, sont détenus dans les palais de la République, et n’auraient en principe subi aucuns sévices corporels, mais sont soumis à une véritable torture psychologique.
Surtout, si vous les apercevez, ne tentez rien par vous-mêmes. L’intégrité physique et morale de la République pourrait en souffrir. Contentez-vous de les signaler aux autorités compétentes qui feront le nécessaire. Aux dernières nouvelles, les membres de la commission étaient vêtus de l’uniforme afférent à leur fonction : mocassins à glands et pull-over couleur layette négligemment jeté sur les épaules. Tout ce que l’on sait pour l’instant, c’est que le conclave doit accoucher d’un texte commun, le plus proche possible de la mouture concoctée par le Sénat sous la dictée du Rassemblement national, sans que l’opinion publique s’aperçoive de la supercherie. Les preneurs d’otages, restés évasifs dans un premier temps sur leurs exigences, font désormais monter les enchères. Après la limousine pour leur permettre de s’enfuir, on s’attend à la demande d’un hélicoptère ou même d’un avion de ligne. Et que la garde républicaine joue la Marseillaise sur le parcours, tant qu’on y est ?
Aucune humiliation n’aura été épargnée à l’exécutif, dont la Première ministre, promue négociatrice en chef, a été obligée de prendre l’engagement écrit de revoir l’aide médicale d’état à brève échéance, sa parole verbale ne suffisant visiblement pas. Tout ça pour s’apercevoir que le projet achoppait encore sur un « privilège » exorbitant, celui de distribuer des allocations aux étrangers pour qu’ils puissent se loger par exemple. Tout le monde aura compris que le véritable bras de fer ne se joue pas dans cette commission, à l’origine purement technique, permettant aux deux assemblées de se mettre d’accord sur une rédaction commune destinée à voter le texte dans les mêmes termes, au lieu de s’en remettre à l’avis de l’Assemblée nationale, comme prévu en cas de désaccord. Le président de la République ne peut pas et ne doit pas intervenir officiellement dans ces discussions, au nom de la séparation des pouvoirs, et c’est pourtant ce qu’il fait en sous-main, tout en le niant avec énergie. En cédant à ce chantage, il se met pourtant dans la main de l’opposition la plus dangereuse pour lui, sans pouvoir rien obtenir en échange, ce qui pourrait ouvrir une crise institutionnelle sans précédent.
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