L’herbe de mon voisin
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 17 décembre 2023 10:36
- Écrit par L'invitée du dimanche
Est, parait-il, toujours plus verte que la mienne ! C’était un sentiment fréquent de penser que c’est mieux chez les autres, que leur situation est meilleure que la nôtre. Apparemment, c’est humain, naturel, cela tient au fonctionnement du cerveau qui cherche toujours ce qui est dangereux par un mécanisme lié à l’évolution, on cherche le négatif de notre vie en regardant le positif chez les autres par des raccourcis mentaux ! C’est une illusion, on ne sait pas si les autres sont vraiment heureux, c’est une perception biaisée.
En effet, nous tendons à enjoliver l’existence des autres, on leur prête une vie sociale, affective, financière, plus intéressante.
C’est évident, on n’arrête pas de se comparer aux autres, et si cette comparaison se solde à notre désavantage, cela génère jalousie, envie, qui, à l’extrême, peut devenir désir de nuire, ou qui nous mène au perfectionnisme pour essayer de rattraper « le modèle » que l’on estime supérieur, peut-être pour prendre une revanche.
Ce sentiment de croire que les autres sont mieux lotis nous dévalorise, peut nous faire perdre confiance en nous, et installer un état dépressif.
Et après tout, comment éviter d’imaginer autre chose que le lassant quotidien ? Convoiter une autre pâture, croire que l’herbe est forcément plus fraîche ailleurs, bref rêver.
Il n’y a pas que Blanchette, la petite chèvre de Monsieur Seguin, qui rêvait de l’herbe fraîche là-haut dans la montagne, ayant réussi à la trouver, elle en a oublié le danger « et au matin, le loup la mangea », si vous vous promenez dans la campagne, combien de fois ne verrez-vous pas un mouton, un cheval, ou tout autre animal broutant, passer sa tête au-delà de la clôture pour goûter l’herbe plus difficile à saisir, après tout ils ne font qu’illustrer notre propre comportement.
Courir après le modèle, c’est un mirage auquel on ne résiste pas à croire, et qui nous fait souvent lâcher la proie pour l’ombre, au courir vers des désillusions. Faut-il pour autant accepter l’herbe où l’on se trouve au risque de renoncer à son idéal, à ses ambitions ? Trouver l’équilibre entre la force du désir indispensable pour se sentir vivant, et l’acceptation de la frustration douloureuse à laquelle on ne peut pas échapper, voilà le dilemme.
« L’herbe est toujours plus verte chez les autres… jusqu’à ce qu’on découvre que c’est du gazon artificiel » Jacques Salomé
Petite pirouette, l’herbe est plus verte là où on l’arrose, et si l’on prenait soin de notre herbe en l’arrosant suffisamment, en tordant le cou à ce syndrome de l’herbe plus verte, en prenant soin de nous, tout simplement ? C’est sûrement la meilleure barrière à la jalousie, à l’envie, à l’insatisfaction, la frustration, qui indéniablement obscurcit notre vision du monde, et nous empêche souvent d’avancer.
Rappelons-nous Ulysse, qui s’en retourne plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge !
L’herbe est plus verte ailleurs ! Des ailleurs il y en a partout, là où notre attention peut se porter, mais il n’y a pas d’ailleurs où guérir d’ici.
L’invitée du dimanche