On a tout essayé

L’argument principal du Rassemblement national en France est de prétendre incarner une forme de gouvernance inédite, qui tient en une phrase : « on a essayé la droite, on a essayé la gauche, on a même essayé le centre, on n’a pas essayé le rassemblement autour de Marine Le Pen ». Pour être clair, il faudrait préciser que les Français n’auraient donc pas essayé l’extrême droite, même si cette appellation hérisse le poil de ceux qui veulent faire oublier leurs origines. Alors c’est vrai que ni Marine Le Pen, ni avant elle le père, Jean-Marie Le Pen n’ont, fort heureusement, accédé au poste le plus important de notre république, mais on a vu à l’œuvre localement certains de ses représentants.

Les municipalités d’extrême droite cherchent à se donner une image de respectabilité et de bonne gestion, mais elles sont rattrapées par la réalité d’une politique où l’idéologie prime sur l’intérêt des administrés. À la moindre occasion, les élus mettent en avant la « préférence nationale » et leurs décisions reflètent leurs choix populistes. De même, la politique culturelle est généralement la cible privilégiée des édiles locaux. On se souvient encore du bras de fer qui avait opposé dans les années 90 le maire FN de Toulon au festival de Châteauvallon. Ce que l’on peut retirer de positif de ces expériences, c’est que les électeurs ont parfois été abusés momentanément par des discours lénifiants ou des propos populistes basés sur la méfiance voire la haine des étrangers, mais la plupart du temps, après un mandat, les élus sont renvoyés à l’opposition, de laquelle ils n’auraient jamais dû partir. Alors oui, les Français ont déjà essayé la droite dans ce qu’elle a de plus extrême. Il faut avoir la mémoire bien courte pour oublier ce que fut le pétainisme et la collaboration avec la pire idéologie que fut le national-socialisme porté à son paroxysme par le dictateur sanguinaire Adolf Hitler.

Il faut bien reconnaître que l’évolution politique récente dans les pays européens n’était pas de nature à rassurer les tenants de la démocratie et du progrès social. Selon la formule de Bertolt Brecht : « le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde » et l’accession au pouvoir en Italie de Georgia Meloni, qui se réclame ouvertement de cette idéologie néo-fasciste, s’inscrit dans une tendance inquiétante. Alors la défaite du parti au pouvoir depuis 8 ans en Pologne, le PIS, apparait comme une lueur d’espoir. Ses alliés d’extrême droite ont fait un score décevant pour eux, et donc encourageant pour ceux qui espèrent le retour de la Pologne dans une communauté européenne à nouveau fréquentable. Ce résultat, encore à confirmer, laisse bon espoir d’un sort similaire au dirigeant hongrois Viktor Orban, tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux.

Commentaires  

#1 jacotte86 17-10-2023 11:36
comme quoi il ne faut pas désespérer de la lucidité humaine!!!
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