Glyphosate : un déshonneur européen ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 11 octobre 2023 10:40
- Écrit par Claude Séné
C’est vendredi prochain que les états membres de l’Union européenne seront invités à se prononcer sur la prolongation de 10 années supplémentaires de l’utilisation des produits à base de glyphosate, dont on sait pourtant depuis longtemps combien ils font courir de risques à la population. En 2015, le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer, une émanation de l’Organisation mondiale de la santé, a classé cet herbicide distribué à l’origine par Monsanto, racheté ensuite par Bayer, comme « cancérogène probable ». Les probabilités n’ont fait que croître et embellir depuis, au point que la justice a déjà condamné l’industriel à indemniser des utilisateurs victimes d’un cancer.
Le principe de précaution aurait dû conduire les différents pays concernés à interdire purement et simplement son usage. Le futur président français, Emmanuel Macron, s’était d’ailleurs engagé à le retirer de la vente lors de la campagne électorale de 2017. Une promesse en l’air, comme beaucoup d’autres : la France ne s’est pas opposée en 2017 au renouvellement pour 5 ans de sa mise sur le marché européen, et il faut craindre qu’elle ne fasse pas mieux cette fois-ci. Car la décision se prendra à la majorité qualifiée, et la France devrait peser de tout son poids pour espérer infléchir la position de tous les pays favorables au productivisme, sous l’influence des lobbies de l’agriculture industrielle. Les suspicions déjà très importantes ont reçu une confirmation éclatante sous la forme d’un jugement prononcé en 2022 dont nous prenons connaissance cette semaine. Bayer a été condamné à verser des dommages et intérêts à la famille de Théo, né avec deux malformations au niveau de la trachée. La justice, sur la foi de rapports d’expertises accablants, a en effet conclu à un lien de causalité avec le contact de la future maman au début de sa grossesse avec du glyphosate, utilisé pour désherber un pré dans un élevage de chevaux.
Cette décision, et surtout le rapport des experts, devrait suffire aux représentants des pays européens à se prononcer en faveur d’une interdiction totale et immédiate. Il est prouvé que ce produit est dangereux en cas de contact direct, et il est fortement soupçonné de polluer des régions entières, par l’infestation de zones naturelles sensibles, voire de nappes phréatiques. Il y a des enjeux de santé publique qui sont totalement sous-évalués. Il s’est trouvé une commission, dont on peut mettre en doute l’objectivité, pour conseiller aux membres de l’UE de continuer à empoisonner sciemment les populations au motif que les risques seraient limités. La France s’honorerait à s’engager résolument contre une prolongation de l’autorisation provisoire. Elle est actuellement, comme souvent avec ce président, le cul entre deux chaises, avec une interdiction aux particuliers et une tolérance envers les professionnels. Un « en même temps » totalement incompréhensible.