Aux armes, citoyens ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 14 juillet 2023 10:50
- Écrit par Claude Séné
Quand nous discutons avec des Américains de la question des armes à feu et de leur prolifération, nous avons beaucoup de difficulté à simplement nous entendre sur les principes. En France, et en Europe en général, nous considérons que plus il y a d’armes en circulation, plus il y a de risques d’être amené à s’en servir, de façon légitime ou non, et les statistiques plaident en faveur de cette thèse. Aux États-Unis, beaucoup de personnes pensent qu’il est nécessaire de posséder une arme, et de savoir s’en servir, afin de se défendre et d’éviter d’être soi-même victime.
Le fait divers qui s’est déroulé hier dans un TGV entre Annecy et Paris me paraît une illustration du débat entre ces positions antagonistes. Un homme a en effet été maitrisé par un policier en civil alors qu’il tentait apparemment d’ouvrir une porte du train, lancé à grande vitesse. Au cours de la bagarre, deux coups de feu ont été tirés, heureusement sans atteindre personne, provoquant une certaine panique, bien compréhensible, chez les passagers. Les syndicats policiers, ainsi que le ministre de l’Intérieur, se sont réjouis de l’issue heureuse de l’incident, ont loué le sang-froid et le professionnalisme du policier, en omettant de souligner que c’est avec son arme de service que le forcené a tiré, après la lui avoir subtilisée. On mesure ainsi le risque important qui a été pris de blesser ou tuer des passagers à cause de cette arme qui n’avait pas forcément de nécessité dans ce cas précis. On a découvert par la suite que l’homme possédait bien un couteau à cran d’arrêt, mais il n’a pas menacé d’en faire usage.
Le policier utilisait un dispositif mis en place en janvier 2022, baptisé « voyager protéger », grâce auquel les fonctionnaires de police bénéficient d’une forte réduction sur le prix du billet, comme leurs homologues gendarmes, voyageant gratuitement en tant que militaires, à la condition expresse de porter leur arme et de se tenir à la disposition des contrôleurs en cas de besoin. Il semble que cette mesure, intéressante financièrement pour les fonctionnaires de police se soit assez largement répandue : 240 000 trajets sur un an auraient ainsi été subventionnés pour un montant de 34 millions, remboursés par l’état à la SNCF. Je n’ai recensé que peu d’interventions, 2 ou 3, vraiment importantes sur les 80 revendiquées par le ministère. Cependant, la circulation d’un tel nombre d’armes à feu pose un problème de sécurité, notamment si les policiers partent en vacances. Que faire de leur arme de service pendant leur séjour, par exemple dans un camping, ou une station très fréquentée ? Pour ma part, je trouve ce système, comme souvent avec ce pouvoir, trop confus, peu clair, et même risqué.