La der des ders

Ça y est ! le gouvernement a dévoilé son plan pour sa réforme des retraites, et la surprise, c’est qu’il n’y a pas de surprises, si tant est que les Français s’attendaient à ce que le pouvoir se préoccupe de leur confort au moment de cesser leur activité et de profiter d’une pension bien méritée. La Première ministre avait pris soin de laisser un doute sur l’âge retenu pour bénéficier d’un taux plein en parlant toujours de 64 ou 65 ans et en laissant entendre que c’était négociable, alors que le projet était ficelé avec une hypothèse à 64 ans, en faisant semblant de faire une concession sur le report à 65 ans.

Des précautions oratoires qui ne tromperont personne, pas plus que les objectifs affichés d’établir une certaine justice sociale en prenant en compte la pénibilité du travail, alors que ce même pouvoir a supprimé des dispositions existantes. Il n’aura donc pas fallu longtemps de délibération aux 8 principales organisations syndicales pour s’entendre sur un mouvement de contestation et une date de manifestation arrêtée au 19 janvier. Personne n’est en mesure de prédire le succès d’une telle mobilisation, mais le gouvernement et le président de la République y seront très attentifs, car cette situation est potentiellement explosive. Les renseignements territoriaux, qui ne voient généralement rien venir, ont cependant couvert leurs arrières en faisant état des inquiétudes des policiers quant au climat social actuel. Les instituts de sondage indiquent pour leur part qu’une large majorité des gens est opposée au recul de l’âge légal du départ en retraite et souhaiterait le retour de la retraite à 60 ans.

Mais on sait qu’Emmanuel Macron adore jouer, prendre son risque, comme il aime à le dire, et cela d’autant plus que c’est avec nos nerfs qu’il s’amuse, et qu’il semble s’inspirer du « qui perd, perd » popularisé par un sketch de Coluche. Promis, juré, craché, cette réforme sera la dernière, comme toutes celles qui l’ont précédée. À moins que. À moins que ce énième projet destiné à faire les poches des Français (on appréciera le tour de passe-passe sur le régime des accidents du travail pour détourner ses cotisations sur celui des retraites) ne finisse, comme le précédent, dans les oubliettes de l’histoire à la faveur d’une épidémie. On nous l’avait pourtant vendu comme le remède miracle, définitif et incontournable, sans lequel notre pays sombrerait corps et biens. Tellement irremplaçable que le nouveau l’a détrôné sans sourciller, comme la nouvelle lessive qui lave plus blanc que blanc. La différence, c’est que cette fois-ci, Macron a besoin des voix de la droite pour faire passer son texte, ce qui nous promet quelques marchandages sur le dos des Français, qui ont déjà commencé. Et peut-être en pure perte si les salariés réussissent à organiser la riposte.