Calendrier
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 19 avril 2021 10:55
- Écrit par Claude Séné
Il en est beaucoup question ces temps-ci. Ce calendrier tant attendu, c’est celui de la réouverture que l’on espère prochaine des activités sociales et économiques, mises en sommeil par l’épidémie. Le fameux « bout du tunnel » nous a déjà été promis à de nombreuses reprises, et notamment par Emmanuel Macron, que l’on supposerait bien informé, qui a déjà annoncé en mars dernier qu’il pensait pouvoir desserrer l’étau à une date d’une précision diabolique, puisqu’il s’agissait de rien moins que la « mi-fin avril ». Nous y sommes, donc, mais le retour à la normale semble avoir été de nouveau repoussé.
Cette fois, le chef de l’état a fixé l’échéance au début mai, mais sa ministre du travail, Élisabeth Borne, interrogée ce matin sur France Inter, a traduit ses propos en langage opérationnel, en précisant que début mai cela voulait dire vers le 15 mai, soit, ajoutait-elle, un délai d’un mois à partir d’aujourd’hui, 19 avril. Ou comment passer du 1er mai au 19 mai, au mieux. Tout se passe comme si la levée des mesures sanitaires était une sorte de ligne d’horizon : plus on avance, plus elle parait s’éloigner. Je me permettrai de faire quelques suggestions au gouvernement pour faire patienter les Français. La première serait de faire désormais les annonces en utilisant le calendrier révolutionnaire. Par exemple : réouverture des terrasses prévue pour le 11 Floréal de l’an 229. Le temps que chacun cherche à quelle date du calendrier traditionnel cela nous renvoie, le 1er mai sera allègrement passé et le muguet aura largement perdu ses clochettes porte-bonheur. Et puisque le temps semble figé, les Français trouveront quelque réconfort à espérer des jours meilleurs en Messidor, Thermidor ou Fructidor. Ils se creuseront la tête pour savoir si nous sommes primidi, 1er jour des sanculotides, fête de la vertu, ou tridi, troisième jour et fête du Travail.
Une deuxième suggestion serait de revenir aux fondamentaux, et de repousser les mesures, notamment celles qui fâchent, aux calendes grecques, qui, comme chacun le sait, n’existent pas puisqu’elles sont l’apanage des Romains. Ce que l’on sait moins c’est que les calendes romaines désignaient le premier jour de chaque mois, la date où les débiteurs devaient rembourser leurs dettes à leurs créanciers. Si l’origine s’en est perdue, la pratique s’est perpétuée et les promesses de raser gratis des politiques ne se sont jamais vraiment arrêtées. La semaine des 4 jeudis a survécu à l’avènement du mercredi comme jour de congé pour les écoliers, et la Saint Glinglin, ou la Saint Jamais en version germanique, ne s’est jamais si bien portée. Faute de pouvoir prendre le dessus sur un virus qui reste le maître des horloges, on peut toujours se passer le temps en le décomptant selon son gré, pour se donner l’illusion qu’il passera plus rapidement.
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