L’exorciste

Lorsque l’on joue au portrait chinois, la question : « et si c’était un film de cinéma, lequel serait-il ? » est souvent parmi les plus instructives. Concernant François Hollande, sans surprise, ses adversaires de l’opposition évoquaient avant sa conférence de presse le film Titanic, tandis que certains, plus indulgents, préféraient citer « Nous nous sommes tant aimés ».

 

Pour ma part, j’ai choisi « L’exorciste » d’après le film de William Friedkin, dont je n’ai jamais vu que des extraits. Ça tombe bien, puisque je n’ai pas non plus suivi in extenso la conférence du président Hollande, pas plus que celles de ses prédécesseurs, sans parler du petit agité qui me donnait carrément des boutons et que j’évitais d’écouter autant que faire se pouvait.

J’ai quand même entendu quelques extraits et la presse s’est chargée de fournir les moments les plus importants de cet évènement. Je passerai sur la politique étrangère et la diplomatie, que chacun s’accorde à juger comme le point le plus positif de ce début de quinquennat, pour en venir directement aux questions économiques. Et là, malheureusement, confronté à des questions d’une rare violence, François Hollande n’a eu que son courage à opposer. Obligé de reconnaitre que sa politique n’avait pas encore donné les résultats escomptés, il a dû s’en remettre à l’espoir de jours meilleurs. On aurait presque pu l’entendre tonner : « sors de ce corps, crise économique ! » en brandissant son pacte de compétitivité tel un crucifix. Moi qui ne crois ni à dieu ni à diable, je doute que ces incantations soient suffisantes pour extirper le mal qui ronge l’économie depuis des décennies, à vrai dire depuis la fin des trente glorieuses, ce qui ne nous rajeunit pas.

L’exercice obligé de la conférence de presse, alors même qu’aucune actualité précise ne l’impose, devient une sorte de rituel qui réunit des fidèles dont aucun ou presque n’est encore croyant, alors que tous sont des pratiquants assidus de la politique. En abrégé, la conf » de presse est une contrepèterie de la mention « à cons » de préf » » qui figure sur les produits de consommation courante. Attention à ne pas dépasser la DLC, date limite de consommation, sous peine de grave intoxication.