Docteur Donald et Mister Trump

Dans l’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde, rapporté par Robert Louis Stevenson dans son roman, il est question de double personnalité, habitant à tour de rôle dans la même enveloppe corporelle. D’un côté, il y a le brave Docteur Jekyll, toujours prêt à rendre service et à soigner son prochain, et de l’autre l’abject Mister Hyde, un monstre sanguinaire qui n’apparait que la nuit. L’œuvre littéraire suggère que ces deux aspects cohabitent en chacun d’entre nous, mais que fort heureusement la créature sensée et morale prend généralement le dessus sur la brute immonde. 

Dans le cas du président actuel des États-Unis d’Amérique, il présente une intéressante caractéristique, et c’est celle de paraître presque complètement dépourvu de ce que Freud appelle le « surmoi », cette espèce de gendarme de l’inconscient, qui nous empêche de donner libre cours à nos pulsions et à nos instincts. Donald Trump dit facilement ce qu’il pense, alors même que pour ses contemporains les plus lucides, il ferait mieux de s’en abstenir. Le gros problème, c’est qu’il est persuadé de posséder la science infuse et ne peut pas résister à la tentation d’en faire bénéficier la terre entière, comme ça, par pure bonté, comme un brave docteur Donald qu’il s’imagine être. Il s’est déjà vanté dans un passé récent d’être plus compétent que les médecins et les scientifiques réunis, bien qu’il n’ait jamais fait d’études dans ces spécialités, par une sorte de don, de grâce innée, de flair infaillible. Ses dernières sorties concernant le covid-19 ont estomaqué la communauté scientifique, et la plupart des personnes sensées, à l’exception notable de ses plus chauds partisans républicains, aveuglés par leur conditionnement politique.

Suggérer de « désinfecter les poumons » avec des produits toxiques est tout simplement criminel, et l’idée d’utiliser des UV pour détruire le virus est grotesque. Il existe malheureusement, aux USA ou ailleurs, des esprits faibles prêts à gober n’importe quoi. Ils sont capables de mettre leur vie en danger, comme cet Américain qui est mort d’avoir ingéré de la chloroquine sans prescription ni surveillance médicale, sur les conseils du bon docteur Donald. Pendant ce temps, l’infâme Mister Trump flatte sans vergogne les plus bas instincts du noyau dur de son électorat, les poussant à manifester contre les mesures sanitaires prises dans certains états à majorité démocrate, pour soi-disant « libérer » le Michigan, le Minnesota ou la Virginie. Heureusement, il reste encore quelques personnes dans l’entourage du président américain qui osent, sinon le contredire publiquement, du moins tenter de l’éclairer en privé. Le poste de conseiller personnel de Donald Trump sur les questions de santé doit probablement être le pire job que l’on puisse trouver sur la planète. J’espère qu’il est bien payé. Il le mérite.

Commentaires  

#2 Josette 26-04-2020 08:35
Oui c'est tout à fait juste cette analyse.
Ce qui est navrant c'est qu'une majorité d'Américains sans discernement ait pu voter pour lui, alors même qu'il ne dissimulait qu'à peine ce qu'il représentait.
En France, ce n'est pas la même chose, celui qui a été élu l'a été grâce à un talent dans la fourberie d'un niveau bien supérieur. Malheureusement, le résultat est le même, le pouvoir est entre les mains d' individus dangereux pour la démocratie.
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#1 jacotte86 25-04-2020 10:53
il est tout simplement fou... et dangereux mais on le savait déjà
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