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Grâce à Dieu
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 30 novembre 2019 10:42
- Écrit par Claude Séné
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Ce n’est que très récemment, à l’occasion de son passage à la télévision, que j’ai vu l’excellent film de François Ozon consacré à l’affaire dite Preynat, du nom de ce prêtre pédophile, mais surtout l’affaire du silence de l’église et en particulier du cardinal Barbarin. Le prélat était jugé en appel pour non-dénonciation de crimes sexuels, après sa condamnation en première instance à 6 mois de prison avec sursis. Le cardinal a fait appel de cette décision, car il ne voit toujours pas en quoi il serait coupable, et c’est cette cécité même qui me sidère.
Les avocats de Philippe Barbarin, et c’est leur travail, se sont attachés à tenter de démontrer que le droit ne permettrait pas de poursuivre leur client. Ils ont développé des arguties juridiques sur des points de procédure en traquant toutes les failles qui permettent à des mis en examens de ne pas être poursuivis. Soit. Ce qui est plus étonnant, c’est que le ministère public demande la relaxe de l’archevêque alors que tout indique qu’il était parfaitement au courant des agissements du père Preynat et qu’il ne lui a pourtant pas retiré sa confiance, mettant ainsi en danger de nouvelles victimes potentielles, dont il aurait dû éloigner le prêtre pédophile. Si la position du parquet est juridiquement fondée, ce dont je doute, elle est moralement complètement insoutenable. Que dirait-on si un avocat de la défense chargeait son client au lieu d’agir dans son intérêt ? On estimerait à juste titre qu’il ferait mieux de se récuser. Le ministère public est là pour requérir et non pour absoudre, que je sache. C’est le tribunal qui tranchera le 30 janvier, et j’espère qu’en son âme et conscience, comme le dit l’expression consacrée, il confirmera ou aggravera la sanction décidée en première instance.
C’est important pour les victimes, qui ont dû suivre un parcours du combattant pour en arriver à ce procès, faisant preuve d’un courage exemplaire. À travers le cardinal Barbarin, c’est toute l’église qui devrait faire acte de contrition pour commencer, reconnaître ses crimes et ses erreurs, demander le pardon aux enfants agressés, non pour son propre salut, mais pour qu’ils trouvent la paix, si c’est encore possible. Comment une religion qui s’est construite sur le concept de la vie éternelle pourrait-elle s’abriter derrière la notion de prescription ? Les dommages causés par ces prêtres dévoyés sont imprescriptibles. Une vie ne suffirait pas à essayer de les réparer. Le moins qu’ils doivent à ces enfants, devenus adultes, c’est de reconnaître leurs torts, d’endosser la culpabilité pour que les victimes ne soient pas, de surcroît, écrasées par une responsabilité qui n’est pas la leur. Comment Philippe Barbarin, l’homme, peut-il ne pas voir cela ?