Messieurs les censeurs, bonsoir !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 12 novembre 2019 10:04
- Écrit par Claude Séné
On se souvient de la sortie retentissante de Maurice Clavel dans l’émission « à armes égales » bien mal nommée en l’occurrence, en décembre 1971. Jugeant que l’extrait de son film avait été dénaturé par l’omission volontaire de « l’aversion » supposée de Georges Pompidou, alors président de la République, à l’égard de la résistance, il quitte le plateau où il devait débattre avec Jean Royer, maire de Tours, surnommé le « père la pudeur », grand pourfendeur de la liberté sexuelle.
Nous sommes alors peu de temps après mai 1968. Le ministère de l’Information, auprès duquel les journalistes de radio et de télévision publique sont supposés prendre leurs consignes chaque jour, est provisoirement suspendu à cause des « évènements ». Il fera sa réapparition en 1973 avant d’être définitivement supprimé en 1974. Anastasie, comme on surnomme la censure, est à l’œuvre et fait la chasse aux chansons subversives du point de vue des mœurs ou de la politique. L’exemple du Déserteur de Boris Vian, finalement toléré dans une version expurgée en est un des plus célèbres. Le plus scandaleux de l’époque est probablement Georges Brassens, qui aurait soufflé ses 88 bougies en octobre dernier. Nombre de ses chansons étaient interdites d’antenne avant qu’il obtienne la consécration de la reconnaissance populaire. Nul ne s’offusque aujourd’hui de ses textes parfois provocateurs, souvent grossiers mais jamais vulgaires.
Personne ? Voire. L’avocat Régis de Castelnau nous narre la mésaventure d’un jeune rennais, condamné pour avoir chanté « hécatombe », de Georges Brassens, en présence de trois gendarmes. Pour ceux qui l’auraient oublié, rappelons que la chanson raconte les mésaventures de gendarmes victimes de mégères du marché de Brive-la-Gaillarde oubliant leurs différents pour s’en prendre à la maréchaussée. Et bien c’est de l’incitation à la violence envers des personnes détentrices de l’autorité. Brassens a bien fait de mourir en 1981 pour ne pas risquer de « tâter de la paille humide du cachot ». Dites-le-moi franchement : vous y avez cru ? Vous pensez vraiment que de nos jours on puisse poursuivre et condamner quelqu’un pour des motifs aussi futiles ? alors vous avez été victime d’une « fake news », montée de toutes pièces pour nuire à Emmanuel Macron. Ce fait divers c’est du réchauffé, puisque les faits remontent à 2011, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ah ! bon ! Vous m’avez fait peur. Mais le dévoiement d’une démarche salutaire de vérification des nouvelles publiées dans la presse, est bel et bien d’actualité ? Bien sûr ! Et l’instrumentalisation des moyens d’information au service du pouvoir en place a bien remplacé la censure trop visible et donc contre-productive ? Absolument. Continuons comme ça.