Un nouvel ami
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 20 février 2015 10:27
- Écrit par Claude Séné
Le nouvel ami de la police de Béziers, c’est un pistolet, selon le maire, Robert Ménard. Exposé en gros plan et en majesté dans les abribus de la ville, il est censé rassurer les habitants et effrayer les malfrats. L’arme, d’un calibre 7.65, équipe désormais les policiers municipaux, et serait un outil de dissuasion massive. Qu’il me soit permis de douter que l’escalade et la course aux armements soient en quoi que ce soit une contribution positive à la paix dans les cités.
Il semblerait que le maire, soutenu par le Front national, ait fait sienne cette célèbre réplique de Clint Eastwood dans le bon, la brute et le truand : « Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuses. » Selon l’idéologie western qui préside à cette façon de penser, c’est le plus fort qui fait la loi, le juge de paix s’appelle Colt et ses assesseurs, Smith et Wesson. Si l’on pousse cette logique à son terme, il faudra bientôt équiper les polices municipales d’armes de guerre pour rivaliser avec les Kalachnikovs qui circulent dans les quartiers défavorisés. À quand les patrouilles de police en véhicules blindés et le nettoyage municipal au lance-flamme dans des rues soumises au couvre-feu ?
J’exagère à peine. Depuis qu’il a été élu, Robert Ménard multiplie les gestes populistes qui sont autant de provocations. En juillet 2014, il instaure un couvre-feu pour les moins de treize ans non accompagnés dans certains quartiers de la ville. À Noël, il installe une crèche dans le hall de la mairie, déclenchant ainsi une polémique nationale. Les uniformes dans les écoles, souhaités par le maire, ne sont pas encore généralisés, mais le port de la blouse est déjà obligatoire dans une école privée de la ville. Cet été, une messe publique a été organisée aux arènes à l’initiative du maire pour inaugurer la féria. J’en passe et sûrement des moins vertes et des plus mûres, puisqu’il ne se passe pas de semaine sans que Robert Ménard ne s’ingénie à faire parler de lui.
Le plus embêtant dans tout ça, c’est que ce populisme semble marcher. Après les affiches vantant les mérites du pistolet, la mairie en a remis une couche en se vantant des résultats d’un sondage qui donnerait 72 % de satisfaction sur cette initiative. Il ne reste plus qu’à attendre le premier mort.