Désamour
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 21 juillet 2018 10:00
- Écrit par Claude Séné
Avec la victoire de l’équipe de France de football, les amateurs de sport en auraient presque oublié le Tour de France, qui se déroule dans une certaine indifférence, dans le meilleur des cas, quand ce n’est pas une franche hostilité. L’insolente domination de l’équipe britannique Sky suscite une suspicion légitime sur le « régime » dont bénéficient apparemment ses membres. Quand on voit ces coureurs escalader les pentes les plus raides comme s’ils dévalaient des descentes, on est en droit de se demander à quoi ils carburent. On se croirait revenu au « train » de l’US postale, chargé comme une mule.
Ce qui est nouveau, c’est que les supporters ne suivent plus en masse leurs favoris. Trop, c’est trop. Si encore c’étaient des Français qui trustaient les premières places, ce serait peut-être différent, mais la perfide Albion ! Cela se traduit par une moindre affluence le long des routes, et surtout par une chute de l’audience sur les chaînes qui diffusent la course. Et là, ça ne rigole plus. Moins de parts de marché, moins de pépètes de la régie publicitaire. Il ne faut pas oublier que le Tour est avant tout un bizness. Les villes payent pour le voir passer, y prendre le départ de l’étape ou le voir arriver. Les sponsors financent les équipes, et souvent fort cher. Comme au football, les coureurs les plus forts vont à l’équipe disposant du plus gros budget, et elle devient mécaniquement hégémonique si l’on ne veille pas à équilibrer les chances, par exemple en diminuant le nombre de coureurs par formation.
Le temps est loin où les coureurs étaient regroupés par nationalités, et même par régions en ce qui concerne les Français. Sans faire preuve de nostalgie, c’était plus motivant que les marques actuelles, assez peu glamour dans l’ensemble. Qui va rêver sur AG2R la mondiale ? Le mécontentement des spectateurs, conscients de la pauvreté du spectacle proposé, a franchi un palier sous le coup de la frustration. En plus des huées réservées au dernier vainqueur de l’épreuve à chaque départ d’étape, se sont ajoutées des agressions physiques impardonnables et stupides : des crachats et jusqu’à un coup de poing en pleine ascension de l’Alpe d’Huez. Ça ne rime plus à rien. Le spectacle est inexistant avec un scénario écrit à l’avance, où seul un drame, qui n’est pas exclu, pourrait amener un soupçon de suspense et d’inattendu. Les spectateurs s’en désintéressent et les financeurs pourraient bien finir par se détourner de la grande boucle, un des évènements les plus suivis au monde. Il est grand temps de réagir.