La poudrière
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 5 juillet 2018 10:27
- Écrit par Claude Séné
Ce genre de faits se déroule habituellement dans les quartiers « chauds » de Marseille ou en région parisienne. On ne s’attend pas à ce qu’ils arrivent dans une ville comme Nantes, à première vue assez tranquille. Et pourtant, c’est bien dans le quartier du Breil Malville, que je connais assez bien pour y avoir exercé une dizaine d’années comme psychologue scolaire, qu’un jeune homme a été tué par un CRS au cours d’un banal contrôle d’identité, provoquant une bouffée de violence dans tous les quartiers sensibles de la ville.
La première déclaration de la maire socialiste, Johanna Rolland, est d’ailleurs très édifiante. Sa première pensée va à la victime, à sa famille et aux habitants du quartier. Alors que la police invoque la légitime défense, des témoins directs estiment qu’il s’agit d’une bavure, une idée immédiatement accréditée auprès de la population, notamment jeune, qui a perdu toute confiance dans l’action des forces de l’ordre. Au point de se livrer à des « représailles » évidemment stupides en incendiant des voitures ou en vandalisant des commerces et même un cabinet paramédical et une mairie annexe, se privant eux-mêmes d’infrastructures à leur service. Avant même les résultats de l’enquête, qu’ils soupçonnent par avance de ne pas être objective, ils mettent en doute la version des policiers. Des témoins affirment qu’aucun CRS n’a été blessé, que les secours ont tardé et que le jeune homme est mort sur place et non à son arrivée à l’hôpital.
Ce qui est inquiétant, c’est que ces informations, qui restent à vérifier, ont circulé immédiatement et ont été prises instantanément pour argent comptant. Et ce n’est pas spécifique à Nantes. Dans tout le pays, après des affaires comme celle de Théo, l’idée de violence policière et d’abus de pouvoir est devenue la norme. Les émeutes urbaines à Nantes se sont déclenchées simultanément dans des quartiers distants de plusieurs kilomètres. Mieux, ou pire encore, ce sont des bandes rivales, qui souvent s’affrontent au cours de « rodéos » sauvages de préférence sur le territoire « ennemi », qui se sont réconciliées sur le dos des autorités. Bien sûr, il faut se garder de tout angélisme, et le jeune homme de 22 ans tué d’une balle dans le cou était recherché pour des vols. De là à lui tirer dessus au niveau de la tête sans chercher à l’immobiliser d’une autre façon, cela semble disproportionné, ce qui est le contraire de la légitime défense. Depuis les faits, chacun appelle au calme, que ce soient les autorités locales et nationales, jusqu’à la famille du jeune homme lui-même. Il sera bien difficile à garantir, à moins d’une enquête impartiale sur les circonstances de cette mort.
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