Noblesse de cloche
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 4 juillet 2018 11:00
- Écrit par Claude Séné
Si une journée où l’on n’a rien appris est une journée de perdue, je vais peut-être sauver la vôtre, tout comme j’ai sauvé la mienne, grâce à l’élection à la tête du MEDEF de Geoffroy Roux de Bézieux. La particule ne vous aura pas échappé, et l’appartenance à la noblesse semble un avantage incontestable depuis la première présidence du syndicat patronal par le baron Ernest-Antoine Seillère. À défaut d’aristocratie, on pourra se prévaloir avec bonheur d’appartenir à une lignée, comme Pierre Gattaz, prédécesseur du tout récent président, dont le père avait dirigé le CNPF, l’ancêtre du MEDEF.
Or donc, les quartiers de noblesse de Geoffroy Roux de Bézieux remonteraient à l’anoblissement d’un de ses ancêtres, échevin de Lyon à la fin du 18e siècle, 18 ans seulement avant la Révolution française. Oui, ce type de promotion par la fonction municipale a existé, et, non, ce n’est pas le cas de Gérard Collomb, pour de nombreuses raisons qu’il serait trop long d’exposer ici. Cette forme de noblesse, assez éloignée de celle du sang bleu, fait référence au clocher et était attachée à l’exercice du pouvoir municipal. Moins prestigieuse que la noblesse de robe ou la noblesse d’épée, elle est cependant plus ancienne que la noblesse d’empire, qui a souvent perdu la particule avec les territoires auxquels elle était attachée. Revenons à notre agneau. Les noms à rallonge n’étant plus du tout à la mode, surtout lorsque l’on veut représenter, comme notre nouvel ami, les nouvelles technologies, le nouveau « patron des patrons », comme on disait dans l’Ancien Monde, se fait appeler GRB, Geoff' ou même Roux de Béze, ce qui porte franchement à confusion.
Ce qui n’est pas douteux, en revanche, c’est que sous couvert de modernisme, le nouveau président va continuer à pratiquer la politique de la main de fer dans un gant d’acier. De l’aveu même de son propre entourage, son point faible, c’est le social. Comprenez par là qu’il ignorait le montant exact du SMIC dans une interview récente sur RTL, et que le dialogue social est très loin de représenter sa priorité, sans oublier qu’il pratique assidument le bréviaire libéral, une valeur qu’il porte très au-dessus de celle de l’égalité et encore plus de la fraternité. Ses proches auront beau essayer de tempérer cette image en mettant en avant l’ouverture envisagée de négociations avec les syndicats ouvriers « raisonnables », on peut surtout voir dans son élection le pendant patronal de l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, dont il devrait être l’interlocuteur privilégié, comme lorsqu’ils se sont côtoyés dans la commission Attali mise au service de Nicolas Sarkozy pour un projet favorisant les grandes entreprises.