La règle et l'exception
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 8 septembre 2014 12:45
- Écrit par Claude Séné
Comme chacun le sait, l'exception est censée confirmer la règle. Encore faut-il que chacun soit d'accord sur ce qui constitue la règle. En ce moment, les hommes politiques ne semblent pas tous convenir que certaines règles qui s'appliquent à tous ne souffrent pas de dérogations en raison de leur statut et qu'eux-mêmes devraient s'y soumettre.
J'en prendrai deux exemples dans l'actualité récente. Le plus évident, c'est celui de ce ministre éphémère, Thomas Thévenoud, qui a égalé le record de brièveté dans un poste au gouvernement détenu jusqu'ici par Léon Schwartzenberg en 1988, avec 9 jours de fonctions. Tout comme Jérôme Cahuzac, dont il a pourtant été l'un des procureurs, il semble souffrir d'une sorte de dédoublement de la personnalité : le docteur Jekill en lui s'insurgeait avec force et sincérité apparente contre les fraudeurs de tout poil, cependant que le Mister Hyde « oubliait de déclarer ses revenus » et ne pouvait en conséquence pas payer d'impôts sur les périodes concernées. Il aurait dû se douter que sa nomination en tant que ministre allait immanquablement faire découvrir ces irrégularités et pourtant il n'a pas pris la peine de régulariser sa situation ni de décliner l'offre qui lui était faite. Je ne vois qu'une explication plausible à ce type de comportement, c'est que certaines personnes se croient au-dessus des lois communes et qu'ils jugent pouvoir faire exception à la règle en vertu, j'imagine, de leurs hautes qualités humaines et professionnelles dont ils sont parfois les seuls à être convaincus. On ne peut être qu'indigné par ce genre de comportement encore moins admissible pour des politiques qui se réclament des valeurs de la gauche et qui devraient se montrer irréprochables.
Le second exemple est d'une nature un peu différente, mais me paraît se rapprocher du premier en ce sens qu'il s'agit aussi d'une règle commune, en l’occurrence le code de la route. Le chauffeur du nouveau ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a été contrôlé à 200 Km/h sur une autoroute, en service commandé, naturellement, afin de rallier Saint-Lô à temps pour une réunion du ministre. La sanction est tombée avec un retrait immédiat du permis de conduire du chauffeur. Emmanuel Macron a logiquement refusé d'intervenir pour obtenir une éventuelle exception à la règle, et le chauffeur verra son salaire maintenu, malgré son incapacité à poursuivre son service. Aucune sanction pour le ministre, quand même à l'origine de cet état de fait. Des journalistes ont suivi récemment le ministre de l'intérieur et le chauffeur a commis suffisamment d'infractions en une minute pour se voir enlever théoriquement les 12 points du permis. Là encore, il ne faisait qu’exécuter les ordres et pensait probablement bénéficier d'une immunité s'étendant aux subalternes et acquise aux personnalités. Nous sommes loin de la république exemplaire que l'on nous promet à chaque élection et il serait temps de s'inspirer des pays scandinaves où ce genre de comportement est simplement impensable.