Sus aux assocs'
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 3 février 2018 10:28
- Écrit par Claude Séné
Sans désigner nommément les coupables, la maire de Calais a clairement livré à la vindicte populaire les associations qui viennent en aide aux réfugiés dans sa commune à la suite des violents incidents qui ont opposé des Afghans et des Érythréens, entraînant l’hospitalisation de 13 d’entre eux, dont 4 dans un état critique. Natacha Bouchart s’en prend à ceux qui tentent de venir en aide aux migrants en les accusant de les instrumentaliser pour « exister » et « avoir une tribune ». Dans la foulée, elle prétend également que les migrants « choisissent » de vivre dans la précarité.
Toujours selon la maire Les républicains, ce sont des associations qui auraient fourni aux réfugiés des barres de fer pour causer des dégradations et des destructions dans sa bonne ville de Calais. Elle n’ose toutefois pas insinuer que les humanitaires auraient également introduit les armes à feu dont ont fait usage les auteurs des dernières violences. À l’évidence, il s’agit d’une guerre de territoire entre bandes rivales de passeurs qui se disputent le marché lucratif du passage vers l’Angleterre. Des Kurdes et des Afghans pour la plupart. La police aurait démantelé 24 filières en 2017, et 6 depuis le 1er janvier. Insuffisant pour décourager les vocations quand on sait que le passage se négocie entre 3 000 et 20 000 euros par personne. Pour assécher le marché, au lieu de disséminer le problème sur tout le territoire, il serait judicieux de créer des couloirs humanitaires pour permettre notamment aux plus jeunes de rejoindre leurs familles, sans risquer leur vie et parfois la perdre.
Mais le gouvernement est obnubilé par l’objectif de rendre invisibles tous les témoins de la faillite de notre système. L’état a promis, et s’apprêterait à tenir parole, de faire lui-même la distribution des repas, en se substituant aux humanitaires sur le terrain. Une générosité suspecte. Les associations craignent que la France se livre à une forme de chantage en conditionnant la nourriture à un accueil dans les centres prévus ailleurs, ou même une reconduite à la frontière. Une crainte d’autant plus fondée que la police a actuellement pour consigne de détruire tout ce qui permettrait aux réfugiés de dormir et s’abriter sur place. Tous les moyens sont bons pour dissuader les migrants de s’installer. La maire de Calais traîne des pieds pour installer les points d’eau et les douches imposés par le Conseil d’État. Toutes choses qui ne font que rendre les conditions de vie plus difficiles à des personnes qui ont souvent dû affronter des épreuves encore plus terribles et dont la détermination reste intacte. En s’attaquant aux associations, encore une fois, on tente de faire baisser la fièvre en cassant le thermomètre.