La vieillesse est-elle une prison ?

J’ai été frappé de la similitude des situations entre l’accueil des personnes âgées dépendantes et le milieu carcéral. Ce n’est sans doute pas complètement par hasard si des mouvements de grève se sont produits dans les deux environnements très récemment. Dans les deux cas, les difficultés ne datent pas d’hier, mais les solutions peinent à se faire entendre. De la même façon que la surpopulation dans les établissements pénitentiaires crée un déséquilibre qui affecte à la fois les conditions de vie des détenus et les conditions de travail des surveillants, l’allongement de la durée de vie implique un nombre grandissant de personnes âgées et des besoins de plus en plus importants pour y faire face.

Au contraire des établissements pénitentiaires, il n’est pas possible d’envisager de réduire drastiquement les effectifs, à la façon du film « Soleil vert » où les patients en fin de vie servent de matière première à la fabrication d’aliments de substitution, quand toute nourriture naturelle a disparu. Notre société cannibale n’en est pas encore là, mais prudence. Les chiffres donnent le tournis. Il y a dix fois plus de résidents en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) que de prisonniers incarcérés : 69 000 d’une part, 728 000 de l’autre. Le personnel soignant est en sous-effectif chronique. Tous personnels confondus le taux d’encadrement est inférieur à 0,6, quand la communauté scientifique s’accorde à évaluer le personnel nécessaire à 0,8, voire un pour un.

Personnel stressé, faute de temps, plus fréquemment en arrêt de maladie ou en accident du travail, d’une part, résidents délaissés, parfois en dessous du minimum vital des soins d’hygiène et de nourriture, trop souvent en manque de communication et de marques d’intérêt, d’autre part. Si la situation globale est préoccupante, elle masque aussi des disparités criantes selon le statut des établissements, dont certains font payer fort cher aux familles un service un peu meilleur. La rallonge budgétaire de 50 millions promise par la ministre de la Santé, alors que les crédits avaient auparavant été amputés du double, n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Si l’on peut espérer que les effectifs des prisons diminuent un jour, il n’en va pas de même pour les vieillards. La tendance du maintien à domicile, si elle présente des avantages certains, devra dans certains cas s’accompagner de crédits pour financer les personnels nécessaires à sa mise en œuvre. Entre l’amélioration des prisons, la prise en charge de la dépendance, le logement, la lutte contre la grande pauvreté, sans parler de l’accueil digne des personnes réfugiées, n’avait-on rien de mieux à faire que de faire cadeau aux plus riches de plus de 4 milliards d’euros ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 31-01-2018 10:37
la "rallonge" de 50 millions permettrait un supplément de 7000€ par établissement t! même pas de quoi payer l'électricité, ça s'appelle se foutre de la "g....." du monde
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