Il fait jour à midi

Du moins, en général, et sous nos latitudes. Et si quelqu’un émet cette affirmation, je me contenterai de l’approuver, voire de confirmer son observation, sans lui demander au préalable de certificats prouvant que nous sommes d’accord en tous points. C’est un peu la situation dans laquelle je me trouve pour commenter la lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron par Yann Moix au sujet de l’attitude de la police vis-à-vis des migrants à Calais. Jusqu’à présent, le personnage ne m’avait pas vraiment convaincu, tant son ego surdimensionné occupait tout l’espace médiatique dont il disposait.

Pour les moins familiers de la télévision, je rappellerai que Yann Moix est surtout connu du grand public pour son rôle de chroniqueur dans l’émission de Laurent Ruquier, « on n’est pas couché », ou plutôt ONPC, puisque c’est devenu la règle de tout simplifier en acrostiches dont on finit par oublier le sens. Il y donne la réplique actuellement à Christine Angot, et l’un comme l’autre ont pour mission de flinguer les invités afin de créer l’évènement, pardon, le buzz, et de rameuter de la ménagère de moins de 50 ans ou des 18-35 éduqués et urbains. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’écrivain et cinéaste n’y fait pas dans la dentelle, descendant en flèche avec allégresse les œuvres susceptibles de lui faire concurrence. Par ailleurs, ses prises de position sont souvent altérées, tout comme son mentor Bernard Henri Lévy, par ses sympathies à l’égard de l’État d’Israël, au point d’avoir failli s’associer par erreur à une pétition signée par le révisionniste Robert Faurisson et Dieudonné.

Yann Moix dit lui-même être apolitique, ce qui aurait dû le rapprocher d’Emmanuel Macron, qui nie les différences entre droite et gauche. Il s’est cependant ému du sort des réfugiés à Calais et a produit un document montrant sans ambiguïté possible la violence policière dont il rend le chef de l’état responsable. Le ton est celui du pamphlet, un exercice que Yann Moix maîtrise parfaitement. Il y accuse Emmanuel Macron de trahir les valeurs de la France et d’être indigne de sa fonction. On ne peut pas lui donner tort quand on a entendu le discours du président qui ne peut pas croire que les forces de l’ordre auraient outrepassé leurs missions en utilisant des moyens que la loi et la morale réprouvent. Une façon qui se veut habile de soutenir ses troupes tout en les menaçant de sanctions en cas de récidive. La préfecture aura beau démentir le comportement inadmissible de certains policiers et CRS, les abus constatés sont de notoriété publique et ont même été filmés par des amateurs. Pas de doute, il fait grand jour à midi.

Commentaires  

#1 jacotte 86 24-01-2018 11:29
il y a des jours où j'aimerais mieux être un gentil toutou à sa mémère qu'un humain à 2 pattes tellement j'ai honte du comportement de mes compatriotes
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