Inégalité salariale

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, part en guerre contre les disparités inadmissibles de salaire entre les hommes et les femmes, un combat que je ne saurais qu’approuver, considérant qu’aucune discrimination, qu’elle soit fondée sur le sexe, la couleur de peau, l’orientation sexuelle, la religion, que sais-je encore, ne peut être tolérée dans une société dont la devise est l’égalité au même titre que la liberté et la fraternité. La ministre constate comme nous tous que les femmes sont payées 9 % de moins que les hommes à postes équivalents et 25 % de moins tous postes confondus, du fait que les femmes n’ont pas accès aux mêmes responsabilités.

Cette règle générale souffre cependant quelques exceptions. C’est ainsi que nous avons appris que Natacha Polony, qui présentait une revue de presse quotidienne sur Europe 1 jusqu’à la rentrée dernière, était payée la coquette somme de 27 400 euros mensuels, beaucoup plus que la plupart de ses collègues masculins, en particulier les pigistes, payés 66,25 € le feuillet. Pas étonnant que la polémiste ultra droitière réclame 800 000 euros à son ancien patron pour licenciement sans cause réelle ni sérieuse. De la même façon, la ministre serait beaucoup plus crédible dans sa lutte contre les inégalités salariales si elle n’avait pas touché une petite fortune, 4,74 millions, pendant les 3 ans passés à la direction des ressources humaines chez Danone. Par ailleurs, elle perçoit une rémunération égale à celle de ses collègues masculins du gouvernement, que l’on peut qualifier de confortable.

Car, bizarrement, Muriel Pénicaud réserve son indignation à une seule catégorie d’inégalité salariale, celle fondée sur le sexe. En dehors de cela, elle ne semble nullement choquée par des écarts de salaires faramineux entre le bas et le haut de l’échelle sociale. Sans parler des différences individuelles, qui peuvent être beaucoup plus importantes, un PDG touche en moyenne 77 fois plus que le salarié le moins bien payé de son entreprise. Les 10 % des Français les mieux payés perçoivent trois fois et demie ce que touchent les 10 % les plus pauvres, cependant que les inégalités ne cessent de s’accroitre. Je veux bien comprendre une certaine hiérarchisation pour donner un objectif de promotion sociale et une motivation dans le travail, mais là, c’est carrément abuser, comme disent les djeuns. Et je ne parle même pas des exclus du travail, de ceux qui en sont réduits aux minima sociaux, d’une part, et des hyper riches, dont les revenus ne se limitent pas aux seuls salaires, d’autre part. Alors, encore un effort, Mme la ministre, pour convaincre votre ami président des riches de faire un geste pour les moins bien lotis.