Rien de neuf à l’ombre ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 20 janvier 2018 10:08
- Écrit par Claude Séné
S’il y a peu de nouveauté sous le soleil, il y en a encore moins dans les prisons françaises, si ce n’est la présence de détenus d’un nouveau type, ceux qui ont été arrêtés pour des faits de terrorisme, et ceux qui, venant du banditisme de droit commun, se sont convertis ou radicalisés au contact des premiers. Cette difficulté supplémentaire est venue se greffer sur une situation déjà explosive de fait, due à une surpopulation pénale endémique.
J’ai l’impression de retrouver toujours les mêmes problématiques, auxquelles les gouvernements successifs n’ont pas su ou voulu apporter de solutions. La première équation est simplissime. Le « parc » national pénitentiaire dispose de 59 000 places environ et comptait en fin d’année dernière près de 70 000 détenus. La réponse de la droite a toujours été dans la construction de centres de détention supplémentaires. La république en marche lui emboîte le pas avec un projet de 15 000 places supplémentaires d’ici la fin du quinquennat. Outre le coût d’une telle mesure, il est permis de s’interroger sur sa pertinence. Le pays où le taux d’incarcération est le plus élevé est sans surprise les États-Unis, avec ses 2,3 millions de prisonniers, sans que l’on puisse s’y prévaloir d’une meilleure sécurité de la population, ce qui semble quand même un objectif principal à atteindre. Pas plus de résultats convaincants concernant la prévention de la récidive et la réinsertion en fin de peine.
L’autre volet concerne le personnel chargé de surveiller, qui se trouve de fait confronté à un sous-effectif, et qui réclame la création de postes supplémentaires. Une demande partiellement entendue avec une proposition de 1100 surveillants en ce moment, mais ce serait une course sans fin sans d’autres mesures plus radicales. L’administration pénitentiaire est rattachée au ministère de la Justice et c’est lui qui détient les clés du problème, si j’ose dire. Une large partie de la population carcérale est en attente de jugement, pour une période beaucoup trop longue, au point qu’il faille parfois libérer des prévenus pour ce motif. Une accélération des procédures serait nécessaire, ce qui passe par un accroissement massif des effectifs et des moyens alloués à la justice. Même constat concernant les courtes peines et les peines de substitution. Les premières devraient être bannies pour leur inefficacité, voire leur nocivité sur de jeunes détenus. Les secondes, renforcées et accompagnées d’un suivi réel. Dernier point pour limiter les incarcérations : les détenus « psychiatriques » qui nécessitent des soins et n’ont rien à faire en prison où le personnel ne peut rien pour eux à part les enfermer dans une camisole chimique. Faute de quoi, les bases du problème sont inchangées et les surveillants, en bout de ligne, continueront à réclamer des Guantanamo à la française pour se rassurer.